Promenons nous dans la ville...

[Pour assurer une continuité, ce poste pourra être légèrement édité. L’action est sensée se dérouler quelques jours après le retour des grottes gelées.]

Cela faisait deux jours qu’ils étaient rentrés, et tout autant de temps qu’elle ne mangeait plus grand chose. Elle picorait simplement dans les plats qu’on lui amenait, mais même les aliments les plus délicieux lui paraissaient d’une fadeur sans égale. La faim la quittait, à cause d’un maux bien douloureux ; une maladie qui se nommait Jalousie. Si elle cachait assez bien cela, jetant par la fenêtre la moitié de ses repas, William n’allait tout de même pas tarder à apprendre son état.
La gronderait-il, alors ? La regarderait-il, inquiet ? Ferait-il venir ces médecins fatigants pour vérifier qu’elle n’avait rien de grave ?

C’était sur ces songes, symptômes de son mal-être, qu’elle avait pris une capeline dans son armoire,avant que de fuir par le passage secret qui menait de sa chambre aux jardins. Elle avait découvert ce long tunnel plein de marches un jour où elle s’ennuyait. Depuis, elle s’en servait, chaque fois que l’occasion se présentait, pour fuir sa demi-captivité.

Ses pas légers la portèrent cependant bien vite loin de l’endroit idyllique qu’était le parc. Malgré elle, elle traversa les premières grandes rues de la cité, ne faisant pas plus attention aux bruits des commerçants qu’à celui de la nature. Elle était perdue. Pas physiquement non, juste mentalement. Linia Kessen ne savait plus que faire. Laisser son frère être heureux avec d’autres lui déchirait l’âme, mais paraissait lui faire du bien, à lui. Si elle le laissait aller, l’aimerait-il davantage ?

Une voix douce l’interrompit dans ses pensées et elle sursauta, revenant dans la réalité.
C’était un beau jeune homme, aux traits dignes de ceux des princes que les romans à l’eau de rose décrivent en abondance. De longs cheveux aux reflets multiples, encadraient son regard quelque peu étrange. Il n’avait pas l’air méchant, pour un sou… Mais peut être était-il mage, après tout ? Peut être était-il un mécréant ? Qu’en savait-elle ?

Linia rougit et baissa son visage opalin. Les boucles noires autour de son faciès vinrent caresser davantage ses joues tendres et elle battit des cils, telle une biche apeurée, en reculant d’un pas. Sa réponse fut un balbutiement presque inaudible.

« Je…Je ne sais messire. »

[outch j’espère que ma description sera compréhensible ! Je n’arrive pas à trouver mes mots cette nuit. Han ! J’ai jamais fait si long, comme quoi, habiller une dame demande bien du temps, hihi. ^^ ]

La capeline cachait une robe d’enfant qui, malgré sa coupe, correspondait fort bien au teint de la donzelle nubile.
Un délicat tissu rouge venait cajoler avec délice les moindres traits de ses bras et de son cou avant de rejoindre, en quelques plis savamment cousus, le reste de son haut : un corsage du même bordeaux qui cachait les seins et le ventre de la jeune femme, ne laissant deviner que de manière fugace leurs formes audacieuses qu’aucun vivant n’avait encore vu nues. A part William bien entendu.
De fins rubans brodés de doré permettaient de serrer ou desserrer le joli corset au gré de sa propriétaire.

Une ceinture tressée de fils d’or caressait ses hanches, finissant ce début de tableau. Elle surplombait une jupe dite « ballon », légèrement arrondie par un ou deux jupons blancs.
Du même tissu que le reste de la tenue, l’aube finissait abruptement un peu en dessous des genoux de la demoiselle, et, dévoilait, de manière sensuelle, le galbe de ses jambes d’adulte. Cependant, des bas et de petites bottines à légers talons obligeaient les passants à songer seulement à l'albâtre qui la caractérisait.

Linia avait relevé, ce matin, ses cheveux en un chignon lâche et ses milles boucles noires libres de toute entrave baisaient avec candeur sa peau plus ou moins couverte. Certaines s’enroulaient même autour d’une petite chaîne discrète qui maintenait, au creux de son cou, un minuscule médaillon en place.

Elle venait d’une famille très aisée, oui, cela n’était difficile à percevoir même si elle essayait bien trop mal de le dissimuler. La douceur de satin que paraissait avoir sa chevelure et la texture même de ses fringues la trahissait de toute manière. Son port noble tout autant.
Pourtant, Nathianaël ne pouvait lire dans le regard pâle de son interlocutrice le mépris qu’avaient généralement les gens riches pour ceux des bas-fonds. Non, il n’y avait, dans ces yeux où quelque chose paraissait s’être éteint, que de la douceur, de l’innocence candide, un soupçon d’effroi et une tristesse qu’elle n’arrivait à faire fuir.

« Allons, allons, aucune offense n'est fait. Tout le monde ne peut tout connaître, ce n'est pas grave. »

La voix chatoyante aurait presque pu calmer ses craintes, accompagnée par le geste rassurant. Néanmoins, le drôle de personnage laissa se montrer une arme qui, elle, ne fit que raviver la peur que Linia tentait de ne pas montrer.

Il s’approcha d’elle et osa un geste pour lequel William l’aurait déjà exécuté sans préavis. D’une de ses mains, il releva de manière bienveillante son faciès juvénile, l’obligeant par là-même à le mirer de nouveau. Le trouble que cette promiscuité fit naître en son cœur se peignit sur son visage, comme dans un livre ouvert, et elle n’entendit les mots qui suivirent, trop occupée à chercher comment étouffer ce sentiment bizarre qui l’envahissait. Un autre homme que son frère la touchait et ne désirait, visiblement, la frapper. Un autre osait ce que nul à part Wil n’avait jamais fait. Et même si cela n’avait réellement été une caresse, c’était tout comme, du point de vue de la sœur du dictateur qui régnait sur ces terres. Même si il l’avait embrassée, son émoi n’aurait pu être plus grand.

Elle battit des cils, se retenant difficilement de ne pas rebaisser son menton. La rougeur qui avait précédemment pris possession de ses pommettes ne les quittaient plus. Il fallait, non, elle devait retrouver sa sérénité. Et vite.
Ce n’était pas bien, de se laisser toucher. William lui avait déjà dit et répété. C’était pour cela que quand il lui permettait de sortir, il venait avec elle. Pour la protéger. Devait-elle appeler les gardes à la rescousse ? Non ! Si Grand Frère apprenait sa nouvelle escapade, elle allait avoir de gros problèmes. Il ne l’engueulerait pas, mais ce serait pire, comme d’habitude.

« Accepteriez-vous de me servir de guide dans cette ville ? Je viens à peine d'y arriver et je suis plus que perdu. »

Un frisson la prit, et elle ramena ses bras contre sa poitrine, refermant sa capeline en un geste de protection. Il avait une arme et il l’avait approchée. Si elle n’avait pas tant craint la colère et la déception de Will, elle aurait déjà poussé un cri qui aurait fait mettre l’individu aux arrêts. Mais non, elle allait devoir se débrouiller seule. Pour que Grand frère ne soit jamais au courant de ses mésaventures. Pour ne pas qu’il s’inquiète. Mais d'un autre coté, ses doigts avaient été si.. Si affables.

« Je… Puis vous indiquer une taverne… Si vous le désirez. »

Déclara-t-elle, d’une voix plus qu’hésitante.
La rue des tavernes…C’était un lieu trop plein de vie où elle n’avait jamais réellement osé pénétrer. Il y avait trop d’ombres, là-bas, pour elle. Elle laisserait l’inconnu à son début et en profiterait pour disparaitre. Oui, c’était bien mieux ainsi. Elle rentrerait vite au château. Et elle ne dirait rien à Wil.

Pour une fois, elle remercia mentalement son amour d’ainé de la garder tant cachée. Il y avait peu de chance ainsi que cet intriguant mais bel homme –il fallait l’avouer- sache qui elle était vraiment. Donc qu’il lui fasse du mal, dans le but de blesser William si il n'aimait pas son frère. Si il lui voulait vraiment du mal, ce dont elle doutait, un peu, malgré elle.

Toujours était-il que comme tous les inconnus, il l'effrayait.

(Avec l’accord de Nathou !)

Elros. Ce nom seul resta en sa mémoire, tandis qu’il continuait à débiter quelques phrases charmantes. Elros.
Son regard s’agrandit de terreur, mais elle ne hurla pas. Elle recula simplement, affolée, prête à fuir, sachant cependant que si l’homme en face avait quelques pouvoirs, il aurait tôt fait de la mettre à mal.

« Est...Etes vous un mage ? »

Ses joues se firent pâles. Si elle avait été une réelle dame de qualité, comme dans les livres, peut être se serait-elle évanouie mais elle resta éveillée, malgré elle, face à un hypothétique danger. Déjà elle s’imaginait morte tandis que son interlocuteur ne faisait qu’un immense sourire et aucun commentaire sur sa panique. Il prit le temps de réfléchir, avant que de répondre, enlevant, par là-même, quelques-unes des craintes de la demoiselle.

« Non, je ne suis pas un Mage. Je suis ce qu'on appelle un Vampire. »

Si elle avait pu ouvrir davantage son regard de biche effarouchée, nul doute que Linia l’aurait fait en cet instant. Un vampire ? Cherchant dans sa mémoire, elle ne trouva de définition à cette palabre là.

« Qu'est ce ? »

Murmura-t-elle alors que l’inconnu pouvait lire sur ses traits la curiosité qui revenait. Elle n’était vraiment qu’une enfant. Un chaton sans griffe, face à son ignorance. Un désir d’apprendre mais une peur folle de ce qui pourrait arriver si elle osait essayer. C’était ce qui la caractérisait en cet instant.

« Un vampire... C'est une personne qui normalement devrait être morte, mais qui a accédé à l'immortalité. »

Il lui répondait visiblement sans chercher à l’effrayer. Mettant ses doigts à elle sur sa bouche à elle, elle étouffa un petit cri plus de surprise qu’autre chose. Cela existait donc, des gens qui ne pouvaient pas mourir? De ses lèvres nacrées sortit alors une autre bien innocente question…

« Est-ce que vous... Vous allez nous tuer ?
- Pourquoi vous tuerais-je, jeune demoiselle ? »

Les dires typiquement nathianaëliens firent se taire la donzelle un bref instant. C’était vrai, cela, pourquoi chercherait-il à la tuer, si il ne connaissait pas le monde d’ici ? Ses épaules s’affaissèrent de soulagement. Lorsqu’elle rouvrit la bouche, ce fut pour faire doucement rire, -d’un rire clair, argentin- son interlocuteur.

« Je...Parce que vous... Vous voulez tenter de diriger ici? »

Le drôle d’être la rassura de son mieux. Où était l’utilité de diriger des terres inconnues, quand il y avait celles d’ Elros ? Et pourquoi leur ferait-il du mal, une fois encore ? A ses ignares interrogations, il prit patiemment le temps de répondre et, peu à peu, Linia sortit de sa réserve.

Elle baissa une nouvelle fois son menton –Peut être pour qu’il lui relève encore, à moins que ce ne fut par timidité, elle ne savait plus très bien elle même-et ils s’entretinrent sur les mages et leurs horribles crimes à sa demande.
Il s’excusa rapidement, galant, en voyant un voile de tristesse venir peindre ses traits juvéniles alors qu’ils débattaient légèrement sur ces biens mauvais souvenirs. Bien éduqué, le vampire changea alors de sujet, l’incitant à lui faire découvrir cette ville qu’il ne connaissait.

« C'est... Je ne sais pas comment vous en parler. »

Ses propos reflétaient une vérité incongrue : elle ne savait en effet comment dépeindre cette cité où elle avait vécu déjà la majeure partie de sa vie. De ses ombres angoissantes, elle aurait pu faire un roman. Mais de Gaiaa en elle-même…
Il réfléchit alors un bref moment et cibla un peu plus sa requête.

« Comment est le régime de ce continent ?
- Il y a une personne qui gouverne et....Tout le monde obéit.»

Comment répondre autrement sans qu’il comprenne qu’elle était proche du dictateur de ces lieux ? Même si il n’était d’ici, si il parlait d’elle, ses futurs partenaires de discussions la reconnaitraient sans trop de mal. Elle ne pouvait pas prendre ce risque. Pour William.
William qui n’allait pas être content du tout, si il apprenait qu’elle avait parlé, pour la première fois, à un inconnu qui plus est venant de Elros…