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| Témoin mystère [libre!] | |
| | Auteur | Message |
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Xant Nellen
Assassin
Ange Déchu
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| Sujet: Témoin mystère [libre!] Sam 29 Déc - 8:31 | |
| Même si le soleil était haut dans le ciel, la ruelle demeurait sombre, comme si la lumière la dédaignait. L’air planait, humide, l’atmosphère était lourde malgré les nombreuses voix qui fusaient du centre ville, situé non loin de là. Ces voix lointaines étaient parfois entrecoupées par un bruit sec et régulier, qui ressemblait fortement à celui des pas d’un homme. Non, correction : celui des pas d’un ange déchu, d’un ange déchu énervé de surcroît. Cela était évident juste à entendre cette manière bruyante qu’avait Xant de marcher.
*Sombre crétin… C’est ça, va te cacher dans une ruelle! Comme si je n’allais pas te trouver pauvre taré… * pensa l’assassin, agacé par la stupidité de sa victime.
*T’es même pas certain de poursuivre la bonne personne* se répondit-il.
*La description était ressemblante... Et puis, il s’est enfui si vite que je n’ai même pas eu le temps de le voir correctement et de lui en tirer une*
* « Il »? Qui te dit que la personne que tu poursuis est un « il »?*
*J’vais pas commencer à mettre tout au masculin ET au féminin juste pour te faire plaisir. Fous-moi la paix maintenant, j’dois rattraper cet imbécile et l’emmener à la place publique pour le descendre*
*Ah oui, c’est vrai. Notre méthode est plus ou moins efficace jusqu’à présent.*
*Elle portera un jour ses fruits, tu verras.*
Et une fois de plus, Xant conversait avec lui-même. Il le faisait en pensées, à voix haute, à voix baisse, en hurlant, en murmurant… Tout dépendait de son humeur. Depuis quelque temps, ces échanges étaient devenus récurrent. Sa santé mentale se détériorait-elle? Rien n’en était moins sûr. L’ange déchu semblait à peine le remarquer. Son esprit toujours ailleurs, il ne portait que très rarement un regard sur lui-même, sur ce qu’il était devenu et sur ce qu’il deviendrait s’il ne stoppait pas tout. Il n’en avait rien à faire. Rien ne comptait vraiment à ses yeux. Rien sauf éliminer William Kessen. Et pour débarrasser Gaïaa de cette pourriture ambulante, il devait commencer par le trouver. Et pour le trouver, rien de mieux que de continuer de faire ce qu’il faisait si bien : tuer.
L’assassin cessa de marcher et tendit l’oreille. Cette ruelle était un cul-de-sac. Sa proie était prise au piège, probablement cachée quelque part en espérant pouvoir lui échapper. Mais personne n’échappait à Xant. Personne. L’ange déchu dégaina son épée dans un geste d’une grâce étonnante pour un homme de sa stature. Il la fit tournoyer un peu, puis de sa main libre, sortit de son manteau une arme à feu qu’il chargea en un éclair. Après, il joua un peu avec la gâchette, sans pourtant appuyer dessus. Tout ce que l’assassin voulait était stresser sa cible, question d’entendre une respiration saccadée, un petit sanglot terrifié, un léger tremblement…
-Sors de ta cachette, ordonna-t-il simplement, le ton autoritaire. Rien ne sert de te cacher. Tu vas mourir de toute façon.
Xant fit quelques pas en direction du cul-de-sac, sachant très bien que le fuyard s’y trouvait. Ce dernier n’avait pu aller ailleurs. Sinon, l’œil vif de l’ange déchu l’aurait capté. -Tant pis.
L’assassin appuya sur la gâchette de son arme, provoquant un bruit sourd qui ne tarderait pas à attirer l’attention des policiers. Uniquement pour le plaisir, il tira une fois de plus. Et c’est là qu’un petit cri étouffé parvint jusqu’à ses oreilles. Un sourire malsain étira ses lèvres et il rit un peu, se moquant ouvertement de la personne qui croyait pouvoir lui glisser entre les mains.
Xant se mit à marcher vers l’endroit d’où provenait le cri. Soudain, un autre bruit, plus loin, attira son attention. Quelqu’un approchait… Un flic? Ce serait marrant de les semer une fois de plus. À moins que ce ne soit quelqu’un d’autre…mais qui? Peu importe. L’assassin donna un puissant coup de pied dans une poubelle qui traînait non loin de la fin de la ruelle. Comme l’objet s’écrasait sur le sol, répandant son contenu sur ce dernier, une silhouette se détacha de la noirceur. Xant se saisit de l’homme par le collet et le plaqua contre le mur. Il détailla son visage un instant pour constater qu’il ne s’était pas trompé. Puis, il le lâcha. Le pauvre voulut s’échapper, mais Xant lui mit son épée sur la gorge et son arme à feu sur la tempe.
-Toi, tu bouges pas ou je te liquide, menaça-t-il.
L’ange déchu défit à nouveau son emprise, puis s’éloigna vers la sortie de la ruelle, d’où il pouvait apercevoir une autre personne qui avançait vers lui et sa victime. À mi-chemin, il s’arrêta, attendant que l’inconnu(e) vienne à sa rencontre. Chaque meurtre devait avoir son témoin… | |
| | | Kementari D'Aepra
Merveilleuse Reine
Incarnée - Ange
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Ven 11 Jan - 23:00 | |
| Il était plus que rare pour Kementari de s’aventurer seule dans des terres inconnues. Les Anges avaient beau demeurer les êtres les plus ouverts aux autres civilisations, une femme de son rang ne pouvait pas ne pas s’inquiéter pour sa peau. Surtout quand ladite femme savait être poursuivie par un ou plusieurs assassins. Sortir ainsi sans escorte ou dépourvue de la plus minime des protections était pure folie. Et – comble de l’inconscience – elle ne sortait même pas de nuit. Ses activités nocturnes auraient pu justifier cet étrange comportement, mais le soleil était encore bien haut en cette heure et elle semblait ne rien avoir sur elle. Cependant, en y regardant de plus près, on pouvait, sous sa longue cape noire, distinguer l’ombre d’un fourreau où devait pendre une épée. Se rendait-elle à un sanglant rendez-vous dont le principal concerné n’avait pas été informé ? Ou bien avait-elle pris son arme par simple mesure de précaution ? La première hypothèse semblait la plus probable car quiconque se serait approché d’elle pour distinguer son visage sous son capuchon n’aurait discerné aucune trace d’anxiété dans ses yeux verts. La jeune femme n’avait même pas la main sur le pommeau de son épée. Ses bras pendaient le long de son corps et elle avançait d’une démarche parfaitement détendue. Il y avait longtemps que les remords avaient abandonnés son cœur. Elle était maintenant bien trop convaincue du bien fondé de ses actes pour culpabiliser. La seule trace tristesse qui subsistait était là perpétuellement.
La jeune reine avançait ainsi tranquillement, jetant parfois un coup d’œil curieux autour d’elle. Quelle ville étrange, tout de même ! Rien ne ressemblait aux murs blancs et ronds de la Cité des Cimes ou au palais qu’elle connaissait. Tout était plutôt rectangulaire et parfaitement géométrique et symétrique, contrairement à la Cité des Cimes où les maisons semblaient disposées en un désordre absolu et asymétrique alors que, d’en haut, on pouvait voir toute la logique de cette disposition. Mais ici, tout paraissait plus froid, et dépourvu de cet admirable éclat. Si certaines choses étaient intriguantes et intéressantes, les autres étaient froides. Kementari ne se plaisait pas ici. Elle se promit de partir le plus vite possible. Dès qu’elle aurait accompli sa tâche, bien sûr... On lui avait rapporté qu’un assassin d’Aepra s’était enfui vers ces terres curieuses et elle s’était, bien évidemment, fait un devoir de le retrouver et de l'exécuter. Ses sources lui avaient appris qu’il se trouvait quelque part par ici. Dans ce dédale de ruelles toutes plus sombres les unes que les autres et que rien ne différenciait. « C’est bien un endroit pour un meurtrier » pensa-t-elle non sans un ricanement sarcastique en pensant qu’elle en était une aussi. Mais non, en fait. Elle ne faisait pas partie de ce genre d’assassins là. Elle tuait pour la paix d’un royaume et la vengeance d’un frère. Pas pour de l'argent, et encore moins par plaisir.
Brusquement, la jeune femme bifurqua. Elle venait d’entendre un bruit étrange. Comme si quelque chose avait explosé, mais sans l'explosion. Une voix grave lui parvenait aussi. Cependant, c’était bien trop diffus ; elle ne comprenait strictement rien. Puis il y eut le tintement familier d’une lame. Un son que Kementari ne connaissait que trop bien. Elle se mit à courir, se guidant avec son ouïe. Elle percevait tellement bien tous les différents bruits qu’elle aurait pu reconstituer la scène sans aucun problème. Soudain, elle n'entendit plus que le bruit sourd de pas lourds. La victime était-elle morte ? L'Elrosienne ne s'arrêta pas pour autant. Elle marchait silencieusement, l'oreille tendue. Elle était tout près de l’endroit où venait de se dérouler le meurtre. L’assassin ne pouvait pas sortir de la ruelle sans qu’elle ne le voie. Elle allait vite savoir si c’était bien celui qu’elle cherchait.
*Et quand bien même… *
Elle continua à avancer, d’un pas volontairement lent. Inconsciemment, elle avait glissé sa main sur le pommeau de son épée et caressait l’émeraude incrustée dedans. La jeune fille prenait enfin conscience de la folie de son expédition. Elle ne connaissait pas l'endroit et n'avait pas pensé à l'éventualité d'une mauvaise rencontre... Et c'était bien là tout ce qui lui semblait être ce qu'on pouvait qualifier de "mauvaise rencontre". L’Ange n'eut pas le loisir de s'attarder sur cette pensée lorsqu'elle vit enfin le meurtrier. Même dans la pénombre ambiante, elle discernait les contours de son être, sa taille impressionnante et l'énorme épée qu'il tenait encore à la main, dont elle avait perçu le tintement.
*Encore un qui ne pense qu’avec ses muscles…*
Elle marcha encore un peu, puis se stoppa net à trois mètres de lui ; prudente. Elle était assez éloignée pour se protéger des coups qu'il pouvait éventuellement porter et assez près pour fuir. Elle voulait éviter de combattre ; elle ne savait pas quelles conséquences cela pouvait avoir en ces terres inconnues. De plus, il était évident que ce n’était pas celui qu’elle cherchait – il lui avait été décrit comme un gringalet maigre et trapu et ce n'était pas exactement la description qu'elle aurait faîte de l'homme qu'elle avait en face d'elle. Mais qu’à cela ne tienne ; c’était toujours une ordure. S'il l'obligeait à sortir les armes, elle répondrait. | |
| | | Xant Nellen
Assassin
Ange Déchu
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Mar 15 Jan - 5:04 | |
| Xant cessa d’avancer exactement en même temps que la femme qui se trouvait à présent devant lui. Environ trois mètres les séparaient et il ne chercha pas à réduire cette distance en s’approchant. L’inconnue étant encapuchonnée, l’ange déchu ne pouvait guère la détailler correctement. Sa silhouette, cachée par une cape noire, restait diffuse et imprécise, et la pénombre de la ruelle n’arrangeait point les choses. Cependant, malgré ces conditions de visibilité déplorables, Xant parvint à distinguer dans la noirceur les yeux de la femme, d’un vert qui rappelait la couleur des émeraudes, surtout lorsqu’elles scintillaient à la lueur du soleil. Observateur, il nota également qu’elle avait posé sa main sur ce qui devait sans aucun doute être la garde d’une épée ou encore un pistolet. Cette inconnue, apparemment armée, représentait donc un danger potentiel. Xant s’en méfia. En fait, le jeune homme se méfiait de tout le monde, mais encore plus des gens en possession d’armes. Cependant, cela ne se voyait guère dans sa façon d’agir ou dans son regard ; la peur n’envahissait pas son cœur.
L’ange déchu dévisagea un long moment la femme sans dire un seul mot. Il voulait savoir à qui il avait affaire, mais la noirceur ne le lui permettait pas. Dans un geste lent, Xant mit la main dans la poche de son manteau rouge. Il fouilla un instant dans celle-ci, semblant chercher un quelconque objet. À la suite d’un court moment, le jeune homme en sortit un téléphone portable. Il l’ouvrit, et le petit écran s’illumina, éclairant la ruelle et le visage de l’inconnue par la même occasion.
La femme qui se trouvait devant lui était magnifique. D’une beauté rare, vraiment. Sa bouche charnue, ses yeux d’émeraude, son nez discret, absolument tous ses traits respiraient la grâce, la finesse. Ses cheveux, à peine visibles à cause de sa capuche, semblaient être faits de fils d’argent. Éclairé par la lumière que dégageait son téléphone portable, Xant observa longuement son interlocutrice. Son regard ne reflétait aucune perversité ; on aurait plutôt dit qu’il la scrutait, l’examinait, comme pour imprégner son image dans son esprit. Et jamais il ne l’oublierait.
L’ange déchu s’appuya contre son épée, dont l’énorme lame était plantée dans le sol. Ses yeux, d’un bleu clair perçant, fixèrent avec intensité ceux de l’inconnue.
*Son regard m’est familier…*, pensa-t-il.
*On ne l’a jamais vue auparavant*
*Elle me rappelle quelqu’un d’autre, mais je n’arrive pas à mettre le doigt sur le nom de cette autre personne*
*Comme c’est triste, mon pauvre petit amnésique…*
*La f…*
Xant n’eut pas le temps de continuer son débat mental avec lui-même, car un mouvement derrière lui attira son attention. Sans prendre la peine de se retourner, il dit, parlant à sa victime derrière lui :
-Je ne ferais pas ça si j’étais toi.
L’homme, qui avait esquissé un geste pour assommer l’ange déchu avec un objet de métal trouvé dans les déchets répandus sur le sol, laissa aussitôt tomber son arme improvisée et recula contre le mur. Xant reporta son attention sur l’inconnue.
-Avez-vous déjà vu quelqu’un mourir sous vos yeux? demanda-t-il, le ton neutre et la voix calme.
Son portable, à présent déposé dans l’une des poches cousues à la hauteur de son torse, éclairait toujours légèrement la ruelle et les deux interlocuteurs. La lumière faiblarde donnait au visage de Xant un air dénué de toute émotion et à ses cheveux une allure irréelle tant ceux-ci étaient d’un blanc qui contrastait avec la jeunesse de son ses traits. Son regard pénétrant, toujours posé sur celui de la femme, semblait encore plus intense sous cette pâle lumière. Sa position, neutre, démontrait parfaitement qu’il ne désirait pas prendre les armes contre elle, mais qu’il restait tout de même sur la défensive. | |
| | | Kementari D'Aepra
Merveilleuse Reine
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Jeu 17 Jan - 0:17 | |
| L’homme n’avait pas l’air spécialement antipathique ou agressif mais Kementari se tenait sur ses gardes. Par définition, un assassin n’était pas quelqu’un à qui l’on pouvait faire confiance. Elle triturait nerveusement la garde de son épée, indécise quant à l’attitude à adopter. Il était plus grand qu’elle – de loin –, plus musclé et sans doute plus âgé. Devait-elle paraître craintive à l’idée d’un combat ? Ou bien assurée devant la pensée de prendre les armes ? La jeune femme hésitait et le fait que son vis-à-vis la fixe intensément la mettait à cran. Il ne cherchait pas à réduire les trois mètres qui les séparaient, encore moins à la provoquer ou à lui parler. Il se contentait de la fixer, alors qu’elle savait bien que dans une pénombre pareille, il ne devait rien distinguer de plus que sa silhouette, ses yeux à peine dissimulé par son capuchon et le pli formé par son fourreau. Il avait déjà du la classer dans la catégorie « ennemi » et, à vrai dire, elle ne pouvait que l’encourager à le faire. Ils étaient ennemis par excellence. Assassin d’innocents ; assassin d’assassins. Après un long moment passé à la dévisager, il daigna enfin bouger. La jeune ange sursauta légèrement, troublée par sa mobilité soudaine alors que dix minutes d’inaction parfaite venaient de s’écouler. Il fouilla dans sa poche et en sortit un petit objet rectangulaire, qu’il ne lui semblait pas connaître. Et à sa grande surprise, il l’ouvrit pour en faire jaillir une lumière bleutée qui éclaira toute la rue en un instant. Cette fois-ci, l’étonnement fut tel que la reine faillit déployer ses grandes ailes blanches pour fuir immédiatement. Elle parvint à se contenir mais une plume s’échappa doucement derrière elle, pour tomber délicatement sur le sol terreux. Kementari ne la vit même pas et recula d’un pas, effrayée.
Pourtant, lui n’esquissait à nouveau plus un geste. Il restait figé à la fixer, si intensément, à tel point qu’elle en trouva cela indécent. Gardant pourtant l’impassibilité et le calme qui la caractérisaient, elle le dévisagea à son tour. Grace à cet étrange éclairage, l’Elrosienne pouvait maintenant distinguer sans difficultés les détails de sa physionomie. Son vis-à-vis était vêtu d’un long manteau rouge qui contrastait avec son visage pâle aux traits fins mais froids et ses cheveux blonds, presque blancs. Comme elle l’avait déjà remarqué, il était plus grand et musclé que la moyenne et possédait une énorme épée, plantée à côté de lui. Mais ce qui retint le plus son attention, ce furent ses yeux clairs, d’un bleu pourtant profond, tel une mer gelée. Bien qu’ils fussent froids et durs, ils lui rappelaient cruellement le regard perçant et doux de son frère aîné. L’espace d’un instant, son cœur eut un raté avant qu’elle ne chasse de son esprit l’image du cadavre sous la neige de Teian dont les prunelles vides n’exprimaient plus la moindre émotion. Elle détourna les yeux et rabaissa un peu plus son capuchon afin de dissimuler leur abyssale tristesse. L’homme semblait ailleurs, et elle se garda bien de le ramener à la réalité, décidant qu’elle avait besoin de quelques secondes – au moins – pour se reprendre totalement. Soudain, un mouvement dans la pénombre attira son attention. Un homme se tenait debout derrière l’assassin, prêt à lui abattre sur la tête un lourd objet de métal. En un instant, son tempérament de reine reprit le dessus et son désir d’épargner des vies – en totale contradiction avec ses idées de vengeance, certes – la poussa à dégainer son épée. Le crissement menaçant de la lame s’éleva dans la ruelle tel un avertissement mortel.
- Je ne ferais pas ça si j’étais toi.
La jeune femme se stoppa net alors que vingt centimètres de son arme avaient déjà été extraits du fourreau. Elle ne bougea plus pendant une seconde, alerte, puis replaça prestement l’entièreté de la lame. Le conseil ne lui était pas adressé à elle mais à l’inconnu derrière l’assassin qui lâcha son arme de fortune et battit vivement en retraite vers le mur. Il ne restait à Kementari qu’à espérer que l’homme ait été trop accaparé par sa victime pour s’être rendu compte de sa faiblesse. Mais il ne bougeait pas et elle n’avait strictement aucune indication. Elle retint imperceptiblement son souffle, légèrement inquiète. Néanmoins, son interlocuteur gardait une position neutre, détendue mais prouvant qu’il restait sur la défensive. Et lorsqu’il reporta son attention sur elle, ce ne fut que pour lui poser une question d’un ton anodin. Il avait rangé l’objet diffusant la lumière dans l’une des poches de son manteau et celle-ci n’éclairait plus que faiblement à travers le tissu mais assez pour donner à la scène des allures angoissantes d’irréalisme. Les deux protagonistes semblaient tout deux dénués de sentiments, comme figés et l’éclat bleuté leur donnait un aspect féérique et lugubre. La pauvre proie devait trembler de peur. Mais Kementari serrait les lèvres. Avait-il remarqué son geste impulsif ?
- Avez-vous déjà vu quelqu’un mourir sous vos yeux ?
Prise de court, la jeune femme se contenta d’afficher une expression stupéfaite, sans pour autant trouver à répondre. Elle cligna plusieurs fois des yeux, désorientée, avant de se reprendre, cherchant toujours ses mots. Elle retrouva son flegme habituel, réfléchissant à la meilleure manière de répondre. Fallait-il acquiescer en donnant une indication sur sa « profession » ou choisir la sûreté en démentant ? Si elle avouait, elle se mettait inévitablement en danger. Mais elle redoutait sa réaction si elle répondait à la négative. Incertaine, elle opta pour une réponse véridique. Après tout, que pouvait-il savoir de son titre et de ses secrets, lui qui ne semblait pas appartenir au même monde qu'elle...
- Oui, souffla-t-elle ; laconique. | |
| | | Xant Nellen
Assassin
Ange Déchu
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Jeu 17 Jan - 6:30 | |
| Xant ayant un sens de l’observation accru, aucun des gestes de l’inconnue ne lui échappait. Il la vit ainsi reculer ; par peur ou par prudence? Il n’aurait su le dire. Même s’il la dépassait largement en hauteur et en musculature, elle ne semblait pas vraiment effrayée. En fait, elle se contentait de le dévisager de la même manière qu’il le faisait, chose qui ne dérangeait point l’ange déchu, dont le regard ne laissait transparaître aucune émotion, aucun de ses secrets. Cette femme pouvait le fixer autant qu’elle le désirait, cela ne changeait rien. Xant avait érigé autour de son être un mur infranchissable, une carapace impossible à percer. Un simple regard ne trouverait pas le chemin pour accéder à son âme… s’il en avait une.
Une ombre flottant dans l’air lui fit détourner les yeux un instant. Quelque chose d’une évidente légèreté virevoltait derrière la femme. Xant ne distingua de quoi il s’agissait que lorsque la forme diffuse s’immobilisa sur le sol. Une plume… Une plume blanche. Il se raidit, pas assez pour que cela paraisse dans sa posture par contre. Son interlocutrice faisait donc partie de l’autre monde. Pourquoi se trouvait-elle sur Gaiaa? Était-elle consciente du danger qu’elle courait à chaque fois qu’elle posait un pied en ces terres? William Kessen détestait les créatures magiques. Les anges déchus seraient prêts à entrer en guerre contre les anges n’importe quand et sans raison valable. Visiblement, cette femme était un ange. Et inévitablement, il était un ange déchu…
Xant continua d’observer son interlocutrice, mais son esprit vagabondait ailleurs. Il avait un peu entendu parler des anges, mais c’était la première fois qu’il en croisait un. Contrairement à ses semblables, l’ange déchu n’éprouvait aucune animosité envers ces êtres d’un monde différent. D’ailleurs, il ne comprenait guère pourquoi les siens disaient tant de mal d’eux. Peut-être ne saisissait-il pas ce concept parce qu’il canalisait toute sa haine sur une seule et même personne : William Kessen. Les autres lui importaient peu. Il voulait sa tête à lui.
Enfin, rien de tout cela n’expliquait pourquoi cet ange se trouvait sur Gaiaa. Peut-être ignorait-elle le danger de son expédition. Heureusement pour elle, Xant ne faisait pas partie des anges déchus malveillants qui songeaient à exterminer leurs opposés lumineux. Et puis, même si cela avait été le cas, elle n’aurait probablement pu deviner ses sombres desseins puisqu’il avait utilisé son pouvoir d’invisibilité pour cacher ses ailes et ainsi ressembler à un humain. Mais bon…
Sa victime ayant fait une tentative pour l’assommer, Xant avait aussitôt réagi en lui donnant un conseil. Cependant, même si ce dernier ne s’adressait pas à elle, la femme sembla le prendre comme si. En effet, un court laps de temps après avoir dégainé son arme, elle rangea celle-ci dans son fourreau. Le geste, qui avait occasionné un léger bruit grinçant, n’avait pas échappé à l’ange déchu. Avait-elle voulu le…protéger? Xant resta perplexe un instant. Jamais personne n’avait tenté de le défendre. Jamais. Personne. D’aussi loin que son esprit lui permettait de se souvenir. Le jeune homme en déduit donc qu’elle avait sorti son arme pour se protéger elle-même, au cas où l’homme aurait voulu s’en prendre à elle. Oui, ce devait être cela. Ce ne pouvait être que cela. L’ange déchu ancra cette idée dans sa tête, profondément, jusqu’à ce qu’elle chasse toutes les autres qui avaient pu lui traverser l’esprit.
Xant posa alors une question à son interlocutrice. Un silence s’ensuivit. Les deux protagonistes continuèrent de se dévisager. L’ange déchu ne pouvait voir les yeux de la femme, car elle avait abaissé sa capuche de façon à les dissimuler un peu plus tôt. Elle semblait réfléchir à sa réponse. Pourtant, cette question ne nécessitait aucune réflexion. Oui ou non. Les deux seules réponses possibles. Les « je ne sais pas » et les « peut-être » étaient bannis. À quoi pouvait-elle bien penser?
Xant se montra patient devant l’hésitation de la femme encapuchonnée. Du coin de l’œil, il vérifiait de temps à autre que sa victime n’essayait pas de l’attaquer par derrière. Aucun problème de ce coté. L’homme se tenait à carreau. Appuyé contre le mur, il tremblait légèrement, semblant se demander si sa dernière heure était arrivée. Il était pris au piège, que pouvait-il faire d’autre qu’attendre de voir si son agresseur allait l’épargner? Ses chances de réussir une fugue tournaient autour des deux pourcents. La ruelle était beaucoup trop étroite, l’assassin, beaucoup trop grand et armé…
Une voix, étrangement douce, souffla alors un seul mot :
-Oui.
Xant la considéra un instant, la fixant toujours avec cette intensité dans le regard. Ce « oui » résonnait en écho dans les abysses de son être. Pour une raison inconnue, il cessa de respirer pendant un moment.
*Oh… Je viens de réaliser à qui ce regard nous…*
*Je sais.* L’ange déchu se remit à respirer. Sans cesser de fixer son interlocutrice, il sortit une arme à feu et la pointa sur l’homme qui se trouvait derrière lui. Même la moitié de son corps pivotée vers ce dernier, son attention restait entièrement posée sur l’inconnue. D’un geste vif et précis, Xant chargea son révolver. Sa victime se mit à genoux, suppliante.
-Les hommes comme lui tuent les gens comme vous, déclara l’ange déchu, placide. Il mérite une punition. Celle que je m’apprête à lui infliger est beaucoup trop douce à mon goût, mais il s’agit de la seule qui soit efficace à presque cent pour cent. Et justice doit être faite.
Il prit une brève pause avant de poursuivre :
-Je suis navré d’ajouter un nouveau mort sur votre liste.
Et il tira. Une balle fila dans l’air à une vitesse fulgurante et transperça le crâne de l’homme, pour qui Xant n’avait visiblement eu aucune pitié. La victime s’écroula par terre, les yeux sortis de leur orbite. L’ange déchu abaissa son arme. Il fixait toujours la femme. La faible lueur bleutée qui les éclairait laissait voir un visage d'un calme déconcertant. Un visage qui exprimait une satisfaction presque malsaine... | |
| | | Kementari D'Aepra
Merveilleuse Reine
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Ven 18 Jan - 1:59 | |
| Aussi anodine que pouvait lui paraître sa réponse, elle sembla troubler son interlocuteur. Il sembla cesser de respirer un instant, tandis que Kementari l’observait intensément, les yeux voilés par son capuchon d’ébène. Elle réfléchit un instant, s’interrogeant sur les motifs de son trouble. Que pouvait déclencher en lui un simple « oui » ? Etait-ce le fait qu’elle ait déjà vu mourir quelqu’un sous ses yeux ? Mais des milliers de gens pouvaient répondre à l’affirmative ! Non, ça ne pouvait pas être ça. Il devait y avoir autre chose. Un élément qu’elle ne connaissait pas – pour l’instant. Cependant, son malaise parût être de courte durée car elle revit sa poitrine se soulever quelques secondes après. La jeune femme cessa de méditer. Il était évident qu’elle ne parviendrait pas à comprendre. Tant pis. L’homme chercha à nouveau quelque chose, sous son manteau. Elle leva les yeux, prête à réagir si l’objet s’avérait dangereux pour elle. Il ne trouva pas tout de suite – ou prit son temps – mais fini par sortir une chose étrange. La souveraine ne trouvait pas de moyen de le décrire. Il ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait connu jusqu’alors. Néanmoins, il était inutile de le connaître pour comprendre qu’il n’était pas des plus bénéfiques. Elle se raidit, prête à esquiver un éventuel coup. Pauvre innocence qui ignorait la vitesse d’une balle tirée…
Mais la « chose » n’était pas pointée vers elle. L’assassin la pointait vers l’inconnu qui paraissait implorer des yeux aussi bien lui qu’elle-même. Recroquevillé sur lui-même, il divaguait, suppliait qu’on le sauve ; que quelqu’un lui épargne la mort qu’il voyait s’approcher lentement, l’effleurant de ses ténèbres glaciales alors qu'il ne pouvait lui échappé, pris au piège entre l'impasse et les deux protagonistes. La jeune reine frissonna de dégoût. Etait-il proie assez lâche pour supplier son chasseur de l’épargner ? Elle n’eut pas le loisir d’y réfléchir plus en détail. Son interlocuteur, tourné vers elle de trois quarts, introduit quelque chose dans son arme dans un bruit sec. Kementari ne put s’empêcher de se hérisser légèrement. La victime se mit à genoux, poussant des gémissements implorants. Ainsi c’était un lâche, un abject couard, un pleutre craintif et égoïste. Il suppliait l’assassin d’épargner sa vie insignifiante. N’était-il pas assez courageux pour regarder sa mort en face ?
Les hommes comme lui tuent les gens comme vous, déclara l’ange déchu, placide. Il mérite une punition. Celle que je m’apprête à lui infliger est beaucoup trop douce à mon goût, mais il s’agit de la seule qui soit efficace à presque cent pour cent. Et justice doit être faite.
La scène se passa ensuite comme au ralentit. L’instinct protecteur de la jeune reine se réveilla une nouvelle fois et elle écarquilla les yeux, saisissant enfin totalement la portée mortelle de l’acte qu’il s’apprêtait à commettre. Les battements de son cœur s’accélérèrent soudainement, battant violement contre sa poitrine en un rythme désordonné, à l'instar du sang qui martelait ses tempes. Elle esquissa un pas en avant, prête à courir s’interposer entre le chasseur et la proie. Quelques pas à peine les séparaient. Une protestation presque inaudible s’échappa de ses lèvres entrouvertes tandis qu’elle tendait la main en avant, dans l’espoir d’empêcher que l’inévitable ne se produise. Une longue cascade d’argent jailli brusquement, s’étalant sur plus de deux mètres. Le vent et l’élan avaient fait se rabaisser son capuchon de soie et sa chevelure aux reflets rendus métalliques par le faible éclairage bleuté s’échappa derrière elle comme des milliers de longs fils d’acier.
Je suis navré d’ajouter un nouveau mort sur votre liste.
Il y eut une seconde fois ce bruit terrifiant d’explosion. Elle ralentit, effrayée par ce son assourdissant. La balle partit à une vitesse fulgurante et Kementari s’arrêta à un mètre d’eux. Elle se crispa violement et détourna la tête en fermant les yeux, certes pas par lâcheté mais par respect pour la victime – aussi déloyale soit-elle. Le bruit de la chute parvint à ses oreilles et elle rouvrit les yeux sur le spectacle morbide du corps de l’homme sans vie, la cervelle s’échappant légèrement de l’orifice crée par l’impact. La jeune femme avait beau « avoir l’habitude », elle ne put s’empêcher d’avoir un haut le cœur. Elle détacha vivement ses prunelles vertes de la scène et concentra toute son attention sur son vis-à-vis qui semblait n’avoir eut aucune pitié pour feu sa cible. Il abaissa lentement l’engin mortel tandis qu’elle fixait son visage impassible et presque satisfait. Elle frémit. Lors de ses propres meurtres, ce même calme et cette même satisfaction venaient prendre traîtreusement possession de son cœur, mais en dehors de ces éphémères moments d’exaltation malsaine, elle restait fébrile devant une mort innocente – et non issue de ses lames. Elle fixait l’assassin d’un regard à mi-chemin entre le choc et la résignation. Son esprit instable se déchirait les deux parties opposées d’elle-même ; la reine et la meurtrière.
Vous n’étiez pas forcé… Murmura-t-elle d’une voix étranglée. | |
| | | Xant Nellen
Assassin
Ange Déchu
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Ven 18 Jan - 6:07 | |
| Le corps inerte de la victime gisait sur le sol, dans une marre de sang qui ne cessait de prendre de l’expansion. Telle une rivière sinueuse, le liquide dégageant une horrible odeur de rouillé coulait vers les deux protagonistes. Bientôt, il atteignit les bottes de Xant, tachant ces dernières et en les contournant paresseusement pour poursuivre sa route. L’ange déchu jeta un bref regard à l’homme qu’il venait d’abattre en voyant le sang zigzaguer à ses pieds. Une partie de son cerveau s’échappait du trou causé par la balle et son visage était figé dans une expression d’horreur et de peur. Xant avait été clément envers sa proie. Selon lui, elle aurait mérité un sort bien pire que celui qu’il lui avait infligé. Mais pour une quelconque raison, l’inconnue se trouvant près de lui l’avait dissuadé d’utiliser des méthodes plus drastiques.
D’ailleurs, parlant de la femme, Xant reposa son attention sur cette dernière. Elle avait voulu l’empêcher de mettre fin aux jours de l’ordure qui pourrissait à présent au fond de cette ruelle. Sa tentative avait été vaine, mais elle avait tout de même essayé de le stopper. Il avait entendu sortir de ses lèvres une faible protestation, sans réussir à identifier clairement ce qu’elle avait voulu dire. Puis, l’inconnue avait tendu la main vers lui, comme pour le retenir d’agir. Dans son élan, sa capuche était tombée, dévoilant ainsi son interminable chevelure d’argent, qui était parcourus de reflets métalliques à cause de la lumière du portable. Oui, elle avait essayé. Mais malgré cela, Xant avait achevé son œuvre…
À présent, les deux interlocuteurs se dévisageaient. L’inconnue semblait à la fois sous le choc et résignée ; Xant, de son côté, paraissait satisfait. Cependant, cette satisfaction cachait autre chose, un sentiment beaucoup plus profond. D’un point de vue extérieur, l’émotion exprimée par son regard qu’il tentait de garder neutre devait être indéfinissable. Quelle était-elle? La honte? La tristesse? Le remord? La résignation? Le désespoir? Le dégoût? Aucune de celles-ci? Difficile à dire.
-Vous n’étiez pas forcé… Murmura-t-elle d’une voix étranglée.
Ah! Qu’en savait-elle? Elle ignorait à quel point il était forcé. La justice. Qui la ferait s’il ne s’en occupait pas? Personne. Les gens qu’il tuait méritaient de mourir. Et il en assassinerait autant qu’il le faudrait. Sa dernière victime serait William Kessen. Sa proie finirait bien par sortir de son terrier s’il continuait à semer le chaos partout où il passait. Xant fit trois pas en direction de son interlocutrice, rangeant son arme pour ne pas l’effrayer davantage. Dans un mouvement d’une grâce étonnante pour un homme de sa taille et de sa carrure, il s’abaissa à la hauteur de celle-ci et la fixa dans les iris, son regard glacé imperturbable.
-Vous n’avez pas idée à quel point vos dires sont erronés, mademoiselle, lui chuchota-t-il.
L’ange déchu se redressa ensuite et recula. Il ressortit son révolver et le pointa vers le ciel. Sans prévenir, il tira quatre coups, qui s’enchaînaient sans une seconde de répit. Puis, il laissa passer quelques secondes et appuya une dernière fois sur la gâchette. Il serra à nouveau son arme dans une poche à l’intérieur de son manteau.
-Ne restez pas ici, ange. Les flics ne vont pas tarder à débarquer. Si vous ne partez pas, vous aurez des problèmes. Ils risquent de penser que vous êtes…
Il n’eut guère le temps de terminer sa phrase. Un agent de police apparut à l’entrée de la ruelle et se mit à courir vers eux. Xant ferma son portable pour limiter la visibilité de l’humain dans la pénombre.
*Merde…*
*Je ne te le fais pas dire.* *Il est seul au moins.*
*Pas pour longtemps.*
Le jeune homme se saisit du bras de la femme et la força à le regarder dans les yeux. Sa poigne n’était pas assez serrée pour lui faire mal, mais assez ferme pour l’empêcher de faire une bêtise.
-Envolez-vous, lui ordonna-t-il à voix basse. Vous êtes un ange, vous pouvez le faire, non? Il ne vous verra pas si vous dégagez maintenant. Retournez d’où vous venez.
Les pas du policier se rapprochaient. Le temps pressait. Xant aimait bien se faire poursuivre par les flics –après tout, ils ne réussissaient jamais à lui mettre la main dessus-, mais pas lorsqu’il y avait d’autres gens autour. Ce jeu du chat poursuivant la souris durait depuis un certain temps, et jusque-là, l’ange déchu avait été le seul blessé si l’on ne comptait pas les policiers. Il était hors de question que cela change, surtout cette fois-ci, car il les avait provoqués.
-Ne bougez plus, X! hurla le flic, plus loin dans la ruelle.
Xant se crispa, attendant la réaction de la femme. Sa marque avait été reconnue par les policiers ; ils savaient à qui ils avaient affaire. | |
| | | Kementari D'Aepra
Merveilleuse Reine
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Dim 20 Jan - 1:25 | |
| L’assassin sembla mal réagir à sa remarque étouffée. Il sembla à Kementari qu’il fronçait imperceptiblement les sourcils et elle détourna brièvement les yeux, gênée de l’avoir contrarié pour une chose qu’elle-même n’était pas certaine de penser réellement. Mais la plus grande partie de son attention était braquée sur l’arme qu’il tenait à la main et qui la terrifiait toujours autant. Elle la fixait d’un air méfiant et apeuré, tenant à s’en éloigner le plus possible. Et à peine s’était-elle dit qu’elle partirait le plus vite possible qu’il fit un pas vers elle, approchant d’elle l’engin mortel. La jeune reine recula vivement tandis qu’il la rattrapait en trois enjambées. Elle eut brusquement l’envie irrépressible de s’enfuir, la peur au ventre à l’idée qu’il la tue aussi. Elle était certaine qu’il en était capable. N’était-elle pas témoin de l’un de ses meurtres, après tout ? Il serait idiot de la laisser en vie. Elle pouvait le dénoncer, le décrire, le faire arrêter. Elle devenait irrémédiablement une menace pour lui. L’Elrosienne ferma les yeux dans l’attente anxieuse d’une douleur… qui ne vint pas. Elle rouvrit des yeux inquiets mais l’arme avait disparue. Elle avait beau chercher, elle ne la voyait plus – ce qui la rendait d’autant plus dangereuse et ne fit que l’angoisser davantage. Néanmoins, elle ne put s’attarder dans sa recherche car ses prunelles olives furent bientôt forcées de rencontrer les iris bleues, glaciales et profondes de son interlocuteur. Il s’était penché vers elle et bien que ses lèvres soient encore éloignées de son visage, elle ne put retenir un tremblement. Il n’était pas rare que des assassins ou des voyous abusent de jeunes femmes ou filles… Pourtant il n’y avait rien de menaçant chez lui. Sa force et son calme étaient même apaisants.
- Vous n’avez pas idée à quel point vos dires sont erronés, mademoiselle, lui chuchota-t-il.
A peine avait-elle eut le temps d’entrouvrir les lèvres pour énoncer une parole qu’il s’était redressé et avait ressorti son arme mortelle. Kementari sursauta violement – pour la quatrième fois au moins, ce qui était rare pour une femme aussi calme qu’elle – mais son cri s’étrangla dans sa gorge. L’homme venait de pointer son arme vers le ciel et de tirer quatre coups à un rythme soutenu. Quatre balles successives qui volèrent au dessus d’eux ; quatre tressaillements successifs qui secouèrent la jeune femme. Le bruit effrayant et inhabituel lui vrillait les tympans et elle ne put que soupirer de soulagement lorsqu’il cessa enfin. Mais à peine était-elle parvenue à maîtriser les battements désordonnés de son cœur qu’un nouveau coup retentit, venant emballer une nouvelle fois l’organe fragile dans la poitrine de la jeune reine. Son vis-à-vis semblait pourtant – et heureusement – avoir définitivement terminé et rangeait l’engin dans une poche de son long manteau vermeil. La souveraine frémit à l’idée qu’un homme tel que lui puisse posséder une si grande puissance.
- Ne restez pas ici, ange. Les flics ne vont pas tarder à débarquer. Si vous ne partez pas, vous aurez des problèmes. Ils risquent de penser que vous êtes…
Il laissa sa phrase en suspens, coupé par la silhouette qui se découpait à contre-jour, à l’autre bout de la ruelle. L’homme – puisque, visiblement, il s’agissait d’un homme – se mit à courir vers eux. Kementari posa machinalement la main sur la garde de son épée, mais ses pensées étaient ailleurs. Qu’étaient des « flics » et que pouvaient-ils penser qu’elle soit ? Et puis comment savait-il qu’elle était ange ? Se pouvait-il qu’elle se soit trahie ? C’est alors que, dans le trait de lumière qui subsista un instant avant de disparaître quand l’assassin ferma le petit objet rectangulaire, la jeune femme aperçut la plume blanche qu’elle avait involontairement laissée tomber. Celle-ci brillait dans la pénombre et l’homme qui arrivait vers eux la reconnaîtrait sans aucun doute. Elle se souvint soudain des rumeurs concernant cette contrée qui faisaient allusions à la proscription de la magie. En un éclair, elle comprit l’étendue des dégâts que pouvait causer la découverte de sa présence – pour elle comme pour son sombre locuteur. Si elle restait là, il allait forcément se faire prendre, blesser ou tuer. Aucune de ses perspectives ne lui déplaisaient profondément puisqu’il s’agissait d’un criminel à proprement parler mais quelque chose lui murmurait qu’il ne fallait pas. Sa philosophie et ses lubies de paix ne valaient que pour son propre royaume. Elle ne tuait que les assassins d’Aepra et ne vivait que dans le but d’éradiquer le mal en Aepra. Le reste du monde ne l’intéressait pas. En un sens, elle était égoïste, mais elle se préférait à penser que ce n’était que pour préserver le bonheur de son peuple en toute priorité. Et, à vrai dire, que le Royaume de Thubn finisse à feu et à sang ne la contrariait pas plus que ça. Alors pouvait-elle avoir la lâcheté de provoquer ainsi la mort d’un homme qui n’était pas sous ses lois ? Qu’auraient dit le juste et valeureux Samïarh ou la douce et sage Iprynel ? Auraient-ils abattu un homme sans en posséder un quelconque droit… ? Elle en était encore à ces questions existentielles lorsque l’assassin lui saisit brusquement le bras. Sa poigne la fit tressaillir mais elle garda une expression plus ou moins froide et impassible. Elle savait qu’il ne lui permettrait pas de s’enfuir tant qu’elle n’aurait pas écouté ce qu’il avait à dire et elle-même hésitait encore à l’ « abandonner ».
- Envolez-vous, lui ordonna-t-il à voix basse. Vous êtes un ange, vous pouvez le faire, non? Il ne vous verra pas si vous dégagez maintenant. Retournez d’où vous venez.
La jeune ange fixa un long moment son interlocuteur sans le voir vraiment. Elle réfléchissait, tout en restant alerte à ce qui l’entourait. Les pas de l’homme qui pourchassait l’assassin se rapprochaient dangereusement et elle savait devoir prendre une décision rapidement. Pourtant, il avait l’air plutôt amusé de voir des gens se lancer à sa poursuite – et contrarié par sa présence. Un cri retentit dans la petite ruelle et Kementari fit volte-face malgré la main qui enserrait toujours son bras et trouva le « flic » à quelques mètres à peine. Le surnommé « X » se crispa légèrement, attendant sûrement une réaction de sa part. Incapable de partir sans avoir retrouvé l’assassin qu’elle était venue chercher, elle ne pouvait se résoudre à rentrer. Elle déploya pourtant ses grandes ailes blanches et se pencha pour ramasser la plume tombée au sol quelques minutes plus tôt. Après l’avoir coincée dans le ceinturon de son fourreau, elle ôta doucement la grande main qui retenait son bras.
Impossible… Murmura-t-elle à son oreille en s’élevant lentement vers la bande sombre qu’on distinguait comme le ciel.
[Tu peux poster, je compte revenir xD]
Dernière édition par le Dim 20 Jan - 14:14, édité 1 fois | |
| | | Xant Nellen
Assassin
Ange Déchu
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Dim 20 Jan - 6:51 | |
| [Dac ^^] La présence de Xant semblait rendre la jeune femme nerveuse. À plusieurs reprises, l’ange déchu la vit tressaillir, sursauter, détourner les yeux ou même les fermer complètement. Pensait-elle qu’il allait lui faire du mal? Certes, il possédait une arme et savait visiblement très bien s’en servir, mais jusque-là, il ne l’avait en aucun cas pointée en sa direction. Il ne voulait pas la tuer. Si telle avait été son intention, son corps serait déjà sur le sol, criblé d’une balle et couché à côté de celui de l’homme abattu quelques minutes plus tôt. Mais bien sûr, Xant ne pouvait comprendre sa nervosité, ne voyant pas la manière dont il agissait. Il n’avait point conscience de ses façons brusques, de son regard transperçant ou de son ton glacé. C’était sa manière d’être, tout simplement. Peut-être avait-il été différent par le passé, l’assassin l’ignorait. Il ne gardait qu’un infime souvenir de sa vie d’auparavant, que des fragments d’un casse-tête non résolu…
Lorsque le policier se mit à progresser vers eux, l’ange déposa une main sur la garde de son épée. Xant ne bougea pas d’un cil à cette réaction, sachant au fond qu’elle n’allait pas s’en servir contre lui. La même philosophie revenait : si elle avait voulu le tuer, elle aurait essayé bien avant ce moment-là. De plus, elle semblait s’être immobilisée ; sa lame n’avait pas quitté son fourreau et elle n’esquissait aucun mouvement. Sans doute était-elle plongée dans ses réflexions. Cependant, le temps pressait, et les questionnements devraient attendre. C’est pourquoi le jeune homme ramena son interlocutrice à la réalité en se saisissant de son bras.
L’ange posa enfin les yeux sur Xant. Malgré cela, elle le regardait sans le voir, et l’assassin le savait. Au fond, il s’en fichait ; tant qu’elle écoutait ce qu’il disait. Et qu’elle partait le plus rapidement possible. D’autres policiers ne tarderaient pas à arriver, et là commencerait vraiment l’action, le « jeu ». Jeu qui devrait se jouer sans la présence d’innocents, qui pourraient facilement être blessés au cours de la partie.
Après un court moment d’attente, la femme daigna enfin réagir, déployant ses grandes ailes blanches et ramassant la plume qui s’en était échappé et était tombée sur le sol. Elle se défit ensuite de la prise de Xant avec une douceur qui contrastait fortement avec la brutalité dont celui-ci faisait preuve. La délicatesse du geste troubla l’ange déchu, et une vive impression de déjà-vu le fit frémir, encore plus lorsque l’inconnue lui répondit.
Impossible… Murmura-t-elle à son oreille en s’élevant lentement vers la bande sombre qu’on distinguait comme le ciel.
Xant resta immobile un instant, la suivant du regard tandis qu’elle s’envolait avec grâce vers les cieux. Elle était partie, exactement comme il le lui avait demandé. Cette femme… Elle le dérangeait. Profondément. Il n’aurait pu expliquer pourquoi. Il lui rappelait l’autre, l’autre dont il ne pouvait guère se souvenir autant qu’il le voulait. Cela le troublait. Et il n’aimait guère se sentir troublé, de quelle que façon que ce soit. Jamais.
La lumière d’une lampe de poche jaillit alors dans la ruelle, coupant court à sa rêverie. L’éclat que l’objet dégageait éclairait l’allée dans son entièreté. Xant mit sa main en visière, l’intense luminosité agressant ses prunelles. Il remarqua que le flic avait été rejoint par deux de ses compères, et qu’ils se dirigeaient tous droit vers lui, pistolets orientés dans sa direction. L’ange déchu se félicita d’avoir revêtit une armure en plus de son gilet pare-balles. Enfin, une armure… Le terme était plutôt relatif, puisque le seul organe qu’elle protégeait était son cœur. En effet, chez les gens de son espèce, ce dernier était particulièrement fragile, plus que chez les humains. C’était un point faible agaçant, mais il fallait faire avec. -On ne bouge plus! Rendez-vous immédiatement! ordonna l’un des policiers. Xant arqua un sourcil. Se moquait-il de lui? Combien de fois un flic lui avait-il répété cette stupide phrase? Pourquoi ne tiraient-ils pas tout de suite au lieu de perdre leur temps à hurler des formules de formalité? Il ne servait à rien de dire « les mains en l’air » ou encore « rendez-vous et vous aurez droit à un procès ». Personne n’en avait rien à faire…
L’assassin eut un sourire moqueur. Il ne gaspillerait pas sa salive à répondre à de telles idioties. Il recula d’un pas. -Les mains en l’air! s’énerva un autre flic. Il recula encore. Puis, il désigna l’homme inerte à ses pieds d’un doigt. -Numéro 52, se contenta-t-il de dire.Les policiers semblèrent renforcer leur poigne sur leurs pistolets et se raidir. Xant haussa les épaules, et sans prévenir, il sauta dans l’air, déployant des ailes couleur encre démesurément grandes même pour un homme de sa taille. Il piqua vers le ciel à une vitesse fulgurante, zigzaguant sur sa trajectoire, car il savait que des coups de feu allaient suivre, ce qui ne tarda guère plus longtemps. Une première balle fut tirée, et l’ange déchu l’évita de justesse. En plein vol, il sortit sa propre arme et appuya sur la gâchette à quelques reprises, tentant d’abattre un des flics qui était plus corpulent que ses acolytes. Il rata cependant sa cible, viser correctement s’avérant difficile lorsque la cible et le tireur bougeaient.
Tout en continuant de voltiger en tirant sur les policiers, Xant jeta un coup d’œil autour de lui. Sans se l’avouer, il cherchait du regard la mystérieuse inconnue, qui avait disparu de son champ de vision aussi soudainement qu’elle y était apparue. Rien à l’horizon. Où était-elle allée? Pas qu’il s’en inquiétait, mais…-ARGH! s’écria soudain l’assassin.Une balle venait de frôler son bras, déchirant au passage son manteau et un morceau de peau. La blessure, bien que peu profonde, brûlait l’ange déchu, qui serrait les dents. Furieux, il prit un élan et plana au-dessus des policiers, volant avec célérité pour ne pas être atteint une nouvelle fois. Il ne compta pas les fois qu’il appuya sur la gâchette ; il ne cessa que lorsque son pistolet soit vidé de toute munition. L’assassin avait réussi à atteindre un des flics, qui s’était écroulé sous l’impact de la balle dans sa tête.
Xant remonta vers le ciel, son objectif accompli. Tous les descendre était inutile ; il devait laisser des témoins en vie. L’ange déchu s’enfuit donc, continuant de slalomer dans l’air pour éviter les projectiles qu’on lui lançait. Malgré ses efforts, il fut à nouveau atteint, mais pas d’une balle. Un étrange objet s’apparentant à un petit harpon aux embouts larges et pointus et parcourus de pics acérés vint se ficher dans son aile droite, arrachant à l’assassin un grognement rauque. Avec difficulté, il vola jusqu’au toit d’un haut édifice, puis se laissa tomber quelques mètres, tel un oiseau blessé. Ce après quoi il s’écrasa lourdement sur le toit de béton, plat et dur. La chute fut brutale et le choc coupa brièvement la respiration à Xant.
Couché sur l’établissement, l’ange déchu reprenait son souffle, serrant les dents à cause de la douleur que lui occasionnaient ses blessures. Son bras, ça allait. Mais son aile le faisait souffrir énormément. On avait encore atteint un muscle… La dernière fois que cela s’était produit, le trou n’avait jamais cicatrisé. D’ailleurs, on pouvait aisément le voir dans son aile gauche.
Xant tendit mollement la main vers l’objet qui lui transperçait l’aile droite.-Qu’est-ce que c’est que cette saloperie…, grogna-t-il en touchant du bout des doigts le muscle blessé.
Il étouffa une plainte sourde et retint son souffle avant de retirer sa main tachée de sang. Jamais il ne réussirait à enlever cette cochonnerie seul! Elle était enfoncée beaucoup trop loin dans son aile… Xant soupira et ferma les yeux. Voilà ce qu’une seule minute d’inattention lui avait coûté…[En passant, tu peux utiliser mes PNGs si ça te dit, ils ne me sont pas exclusifs XD Bon, ils ne sont plus vraiment là, mais tu peux les faire revenir si ça te chante C'est toi qui vois, je voulais juste te le dire au cas où] | |
| | | Kementari D'Aepra
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Dim 20 Jan - 18:57 | |
| [Okay ^^ Je comptais en tuer un, de toutes façons]
Son ascension était rendue plus laborieuse par le peu d’espacement entre les murs mais aucun des hommes qui venaient de surgir ne semblaient l’avoir remarquée. Elle était déjà si haut, après tout. Elle ne distinguait plus les protagonistes que comme des petits pions d’une sorte de jeu d’échec un peu plus détaillé. Il y avait là le roi – qui n’avait plus cinquante échappatoires – et les fous – qui paraissaient avoir plus de marge de manœuvre. Et qu’était-elle, elle, l’ange qui remontait le mur parfaitement vertical ? Elle pouvait faire ce qui lui chantait, elle. Elle devenait la reine, qui pouvait partir dans toutes les directions. Le personnage le plus libre du jeu. Mais possédait-elle une véritable liberté ? Si elle voulait rentrer en Aepra, elle devrait à nouveau se mêler à la foule et ne déployer ses ailes qu’une fois sortie de cette contrée – et elle ne saurait jamais ce qu’était devenu « X ». Si elle restait, elle risquait sa vie pour un inconnu – assassin de surcroît – à qui elle n’aurait plus jamais à faire ensuite. La première perspective était de loin la plus alléchante pour Kementari, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être indécise. Certes, c’était un assassin, mais rien ne l’autorisait à le juger puisqu’elle n’était pas au dessus de lui, hiérarchiquement parlant. Elle n’en avait tout simplement pas le droit, et ne se le donnerait pas. Jetant un dernier regard à l’ « inconnu », elle émergea et respira l’air frais du ciel gris à grandes goulées. Elle resta un moment debout sur un petit muret faisant office de bordure au toit du bâtiment. La jeune femme en avait rarement vu d’aussi grand. Chez elle, seul le palais ou les édifices très importants pouvaient atteindre ce genre de hauteur. Or, de son juchoir elle pouvait observer que la majorité des bâtiments faisaient cette taille et étaient même plus grands. Elle se sentit soudain seule et petite dans ces terres inconnues alors que personne ne savait où elle se trouvait, et qu’elle avait elle-même du mal à se repérer. Mais elle ne pouvait pas rentrer sans avoir retrouvé le criminel qui était parvenu à fuir…
L’ange s’élança de son perchoir au moment ou un cri autoritaire retentissait plus bas. Elle n’y accorda pas la moindre attention et allongea ses majestueuses ailes de neige, s’envolant avec grâce vers le ciel. Elle remonta en flèche, traversant les nuages avec l’aisance d’un oiseau, ondulant au rythme des bourrasques, s’imprégnant de la liberté du vent et de la quiétude des cieux. Eux seuls n’étaient pas altérables. La terre elle-même pouvait changer, évoluait au rythme des saisons. L’eau pouvait disparaître et se mouvait en trois formes. Puis elle redescendit, effleurant la vapeur nébuleuse de son dos. La jeune femme voleta longuement au dessus du dédale de ruelle, se rapprochant parfois lorsqu’elle croyait voir quelqu’un, mais personne ne ressemblait à celui qu’elle cherchait. Elle s’apprêtait à abandonner lorsqu’une forme noire déboucha de l’une des ruelles pour s’élever en slalomant. L’Elrosienne l’observa un moment, se demandant vaguement s’il s’agissait d’un oiseau ou d’un autre ange. De là où elle était, elle ne pouvait faire la différence. Ce pouvait être un corbeau – mais il aurait fallu que ce soit un très gros corbeau. Non, ce devait être un ange déchu. Rien qu’à cette pensée, elle frémit. Elle aurait dû être déchue, elle aussi, il y a longtemps… Soudain, son vol sembla se désordonner. Ce n’était plus deux ailes puissantes aux mouvements coordonnés mais un semblant d’aile qui voletait en dispersant quelques plumes et une autre qui se chargeait de maintenir l’ange en l’air. Il papillonna quelques minutes, dans un équilibre instable, avant de faire une chute de plusieurs mètres sur le toit d’un bâtiment. Et Kementari avait beau s’approcher le plus qu’elle pouvait pour ne pas risque de se faire remarquer, elle ne le voyait plus bouger. Inquiète, elle s’approcha encore, plus rapidement. Mais ce n’est que lorsqu’elle se percha derrière lui, à quelques enjambées seulement, qu’elle reconnu son mystérieux inconnu. Le détail la surprit tellement qu’elle faillit en tomber à la renverse. Inquiète de son immobilité, elle s’approcha un peu. Il grogna sourdement ; elle s’arrêta. Elle hésitait encore un peu à lui montrer qu’elle était encore là…
Un mouvement près d’elle attira brusquement ses yeux, coupant court à ses réflexions. Un homme escaladait le mur et arrivait au bord. Il était tellement absorbé par sa tâche – après tout, le mur était exceptionnellement haut, une chute lui aurait été mortelle – qu’il ne l’avait pas vue. Pourtant, elle était juste derrière lui. Elle reconnu en un instant l’homme qui avait débouché après les quatre coups lancés par l’engin de l’assassin. Il n’était pas bien difficile de comprendre ce qu’il voulait. Sans hésiter, la jeune femme dégaina son épée dans un crissement métallique. L’homme se retourna vivement, l’air inquiet. Il eut à peine le temps de pousser un cri que la lame traversait son corps de part en part. Une gerbe de sang s’échappa de la blessure, que la meurtrière ne put éviter à temps. Son bras gauche et son visage reçurent quelques gouttelettes mais elle s’estima plutôt heureuse de ne pas être recouverte du liquide chaud et poisseux. Elle retira lentement sa lame et laissa le corps s’affaisser sur le muret. La reine ne prit pas la peine de ranger son épée encore dégoulinante et s’approcha doucement de l’assassin, qui avait tenté d’esquisser un geste. Ainsi c’était un ange déchu… Elle frissonna. Bien sûr, elle en connaissait plein par les livres et les légendes, mais elle n’en avait jamais vu de vrai. Les anges « normaux » et ceux dit « déchus » étaient ennemis par excellence. Kementari ignorait qu’il en existait ici. Comme tout le monde, elle pensait qu’il n’en existait plus. Tout du moins cela était-il valable pour Elros… Trop de choses lui échappaient ici pour qu’elle tienne vraiment à élucider ce mystère – pour le moment. D’ailleurs, elle devait avoir d’autres sujets de préoccupation. En effet, l’ange déchu était blessé. Et aux deux ailes en plus. L’une était trouée, l’autre transpercée par une sorte de harpon qui l’avait profondément traversée. Du sang s’échappait abondamment de la deuxième blessure et il était évident qu’il ne pouvait pas retirer le harpon seul. De plus, il était aussi blessé au bras. Quel imbécile tout de même d’avoir voulu se faire poursuivre. Elle ne savait même pas s’il avait remarqué sa présence. Légèrement hésitante, elle posa sa main droite sur l’aile blessée. Elle examina la blessure un long moment, sans dire un mot, cherchant un moyen de retirer l’étrange objet sans endommager le muscle – ce qui entraînerait une non-cicatrisation définitive de la plaie.
« Je vais l’enlever » Finit-elle par lâcher d’une voix légèrement anxieuse. « Mais je ne garantis pas que ça cicatrise parfaitement. »
N’attendant pas particulièrement de réponse de sa part, elle posa son épée au sol et activa ses longs doigts autour de la meurtrissure. Ils furent bientôt couverts de sang mais elle parvenait peu à peu à extraire l’objet de l’aile. Elle écartait les bords à vif pour faire le faire passer et tentait tant bien que mal d’épargner des souffrances à son patient improvisé. Après un dernier coup sec, elle parvint à le sortir entièrement. Elle poussa un long soupir de soulagement mais sa tâche n’était pas terminée. Fouillant fébrilement sous sa cape, elle détacha une grosse bourse de son ceinturon. D’une main tremblante, elle se saisit de trois herbes différentes et les émietta avant de cacher dessus pour en faire une pâte. Elle était tellement concentrée sur ce qu’elle faisait qu’elle ne voyait plus que la blessure. Si jamais elle se trompait d’herbes ou n’appliquait le baume correctement, la plaie ne cicatriserait pas. Comme à chaque fois qu’elle soignait, son seul désir était d’épargner les souffrances et les marques à son malade. Assassin, voleur, roi, ou marchand, elle ne faisait alors plus de différences. Une fois la pâte prête, elle se mit à l’appliquer délicatement sur la blessure. Il n’avait pas intérêt à bouger, sinon il ne pourrait plus voler correctement, vu que les muscles avaient été touchés sur les deux ailes… | |
| | | Xant Nellen
Assassin
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Dim 20 Jan - 23:22 | |
| [Dac XD Pauvres policiers, ils sont maltraités avec nous mdrrrr]
Le vent qui soufflait caressait les plaies du blessé, éteignant momentanément le feu qui les brûlait. La douleur était insoutenable, beaucoup plus qu’à l’habitude. L’ange déchu gardait les paupières closes. Plus vite il ferait le vide dans son esprit, plus vite il se conditionnerait à chasser sa souffrance. Ainsi, il pourrait réfléchir à tête reposée sur la meilleure manière de dégager son aile de ce harpon de malheur. Pour le moment, la douleur aigüe qui l’assaillait l’empêchait de penser correctement. Se reposer était la décision la plus sage, surtout que les flics devaient avoir abandonné leur poursuite en le voyant monter aussi haut. Ils devaient avoir perdu sa trace –ils n’avaient jamais été très doués pour le poursuive sur de moyennes ou grandes distances.
Laissant la brise apaiser ses blessures, Xant ne pouvait s’empêcher de réfléchir malgré son désir de ne plus penser à quoi que ce soit. La douleur se répandait lentement mais sûrement dans son aile et dans son bras. Ce n’était pas normal. Normalement, le mal restait où on l’avait touché. Pourquoi semblait-il s’étendre partout cette fois-ci? L’ange déchu referma alors les yeux et serra les poings pour contenir sa rage. Il venait de comprendre ce que ces satanés agents de police avaient dû lui faire.
-Ces connards ont dû me tirer dessus avec ces nouvelles balles…, marmonna-t-il dans sa barbe.
En effet, les scientifiques venaient de lancer un prototype de nouvelles balles enduites d’une substance qu’ils avaient baptisée « U-01011010 ». Apparemment, si cette substance traversait l’épiderme, elle se répandait jusqu’à en atteindre le cœur. Là, elle paralysait ce dernier, l’empêchant ainsi de battre et arrachant la vie à celui à qui il appartenait. Heureusement, le processus d’expansion prenait beaucoup de temps et il existait un moyen extrêmement simple de nettoyer son système de ce mal mortel : boire de l’eau gazéifiée. Aussi étrange que cela puisse paraître, la faible portion d’azote contenue dans cette dernière neutralisait l’U-01011010. Bien sûr, il fallait en ingurgiter en grande quantité, mais la méthode restait tout de même très simple.
Xant nageait dans l’incertitude. Il ne pouvait être complètement assuré qu’il avait été atteint par ces nouvelles balles. Ses blessures le faisaient peut-être souffrir le martyr pour une autre raison. L’assassin décida de ne courir aucun risque : dès qu’il aurait trouvé un moyen de se débarrasser du harpon qui lui traversait l’aile, il irait se procurer de l’eau gazéifiée, peu importe la façon dont il y arriverait. Il ne disposait pas d’argent pour le moment, il serait donc contraint de la voler. Mais qu’est-ce que c’était à côté d’un meurtre, de toute façon…
L’ange déchu bougea un peu, agacé de son immobilité. Rapprochant de son mieux son aile de ses mains, il voulut retirer le harpon une fois de plus, mais le mal qui lui parcourut le corps tout entier tel un serpent d’électricité le fit renoncer. Il entendit soudain du bruit derrière lui. Jouant au contorsionniste, il s’étira le cou, tentant de voir ce qui se tramait derrière lui. Il ne vit qu’une silhouette. Impossible d’en distinguer plus dans sa position actuelle. Croyant avoir affaire à un ennemi, l’assassin posa la main sur la garde de sa grande épée, désirant la sortir de son fourreau pour se défendre. Un tintement retentit alors, suivit d’un giclement. Quelques gouttes d’un liquide rouge maculèrent le sol près de Xant. Du sang… La jeune femme qu’il avait croisée dans la ruelle un peu plus tôt entra dans son champ de vision, tenant entre les mains une épée couverte de sang. Elle venait donc de tuer quelqu’un. Borné, l’ange déchu s’agita et parvint finalement à apercevoir le premier policier qui l’avait poursuivi. Il gisait sans vie sur le muret. Xant soupira et laissa tomber sa tête sur le sol de béton du toit en reposant les yeux sur l’ange postée devant lui. Avait-elle écouté un traître mot de ce qu’il lui avait dit tout à l’heure ou était-elle complètement inconsciente?
L’inconnue s’approcha de lui et se pencha à sa hauteur. Que voulait-elle? Pourquoi ne retournait-elle pas d’où elle venait? Ah oui, elle lui avait répondu que c’était impossible –mais pourquoi? Elle tendit alors une main hésitante vers son aile, et Xant se raidit aussitôt. Humilié, il fuit son regard lorsqu’elle toucha sa blessure. Quelle position dégradante. Il était l’un des assassins les plus craints de Gaiaa, et en ce moment, on l’aurait plutôt comparé à un animal blessé. L’ange déchu serra les dents et bougea un peu l’aide, comme pour protester. Cependant, aucun son de sortit de sa bouche.
« Je vais l’enlever » Finit-elle par lâcher d’une voix légèrement anxieuse. « Mais je ne garantis pas que ça cicatrise parfaitement. »
La jeune femme déposa son épée sur le sol et activa ses mains autour de la blessure. Que faisait-elle? Pourquoi touchait-elle à cette arme immonde? Pourquoi essayait-elle de…
-Argh! laissa échapper le jeune homme, les dents toujours serrées.
Cette femme lui faisait mal! Il voulait qu’elle s’en aille. Non, il ne voulait pas. Oui, il le voulait. Non. Oui. Non. Oui. Xant ne savait plus ce qu’il désirait. Il n’eut guère le temps d’y réfléchir plus longtemps, car le retrait du harpon lui coupa le souffle, l’empêchant de songer à quoi que ce soit. Le front couvert de sueur, l’assassin se remit à respirer. Sa plaie saignait abondamment et son aile avait été un peu endommagée à cause des pics acérés du harpon, mais celui-ci avait tout de même été retiré. Xant fixa l’ange, l’air de se demander pourquoi elle prenait la peine de lui venir en aide. Personne ne l’avait jamais aidé, alors pourquoi le faisait-elle? Il ne la connaissait même pas. Et techniquement, il était son ennemi. Raison de plus pour le laisser moisir sur ce toit d’immeuble. Enfin…
La suite s’avéra beaucoup moins douloureuse que si Xant s’était guéri lui-même. La femme étendait des herbes quelconques sur son muscle meurtri. Elle agissait avec méticulosité et délicatesse, deux choses dont il ne faisait guère preuve la majorité du temps. Immobile comme une statue, l’ange déchu se contentait d’observer le travail de l’inconnue, incertain de l’attitude à adopter. Son orgueil lui criait de partir en courant, tandis que son instinct de survie lui ordonnait de rester là sans bouger. Il finit par écouter un peu des deux, car il gigota l’aile à quelques reprises en guise de faible protestation, mais ne s’en alla pas.
-Comment vous appelez-vous? demanda-t-il finalement, la voix rauque et faible.
Il l’observait, se disant qu’elle semblait savoir ce qu’elle faisait. Xant ignorait ce qu’elle utilisait pour enduire sa plaie, mais il ne s’en inquiétait pas non plus. Après tout, cela ne pouvait pas être pire que ce qui circulait probablement déjà dans son corps.
Incapable de rester inactif tandis que la femme étendait sa médicine sur son aile, l’assassin entreprit de guérir son bras, restant allongé pour éviter de nuire à l’inconnue. La balle avait légèrement effleuré sa peau, les dégâts restaient donc superficiels. Lentement, il sortit de son manteau une petite compresse blanche, qu’il déposa sur sa plaie avant d’appuyer dessus. Une fois de plus, il serra les lèvres, le produit chimique contenu dans la lingette lui causant une douleur cuisante. Il la retira peu après et la porta à son nez. Il la sentit, puis la reposa sur sa blessure avant de lâcher d’un ton inaudible :
-Enfoirés...
Xant fixa ensuite la femme, à qui il avait posé une question bien anodine en apparence, mais qui signifiait énormément de choses pour un homme tel que lui. | |
| | | Kementari D'Aepra
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Lun 21 Jan - 1:08 | |
| [J'avoue x) Mais c'était le dernier]
Tandis que Kementari étendait le baume sur les parties blessées de l’aile, elle sentit celle-ci se mettre à bouger. Apparemment, l’assassin était retissant. Elle lui jeta un bref regard mais retourna bien vite à sa tache, non sans pousser un long sifflement, menaçant. S’il bougeait trop, il ne pourrait pas venir se plaindre quand il ne pourrait plus voler pour échapper à ses poursuivants… Mais pour le moment, elle sentit simplement qu’il l’observait. Elle n’osait même pas imaginer la honte qu’il devait ressentir mais s’interdit d’y penser, par respect pour lui. Le regard qu’il posait sur elle la mettait mal à l’aise. Des souvenirs profondément enfouis se réveillèrent en elle alors que des prunelles de couleur similaire la fixaient dans une dernière étincelle de vie ou avec leur expression inquiète. Elle s’efforça de les chasser, redoublant de concentration. Elle fixa ses propres doigts sans dire un mot, les laissant aller et venir, appliquer et étendre, comme s’ils avaient été doués d’une vie propre. C’en devenait presque machinal. Pourtant, bien qu’ayant souvent soigné des anges, la jeune avait rarement eu affaire à ce genre de blessure grave et délicate. Elle s’était obligée à ne pas le montrer – d’ailleurs, elle pensait avoir bien réussi, même si quelques gouttes de sueur perlaient sur son front – mais l’angoisse et la concentration demandée pour extraire l’étrange objet l’avait violement éprouvée. Malgré ses connaissances très étendues en matière de médecine, l’improvisation – une improvisation dangereuse – avait été de mise trois fois durant « l’opération ». Mais elle s’en était bien sortie. Visiblement, aucun autre muscle que celui touché n’avait été encore endommagé et le baume devrait aider à une cicatrisation rapide, s’il n’utilisait pas trop ses ailes pendant un moment. Lorsqu’elle eut enfin terminé d’appliquer tout le baume, elle éloigna ses mains tremblantes de l’aile. Elles étaient couvertes de la mixture verte et de sang mais l’ange n’y prêta pas la moindre attention.
Elle essuya rapidement la sueur qui plaquait des mèches rebelles sur son visage et essuya ses mains sales sur un pan de sa robe en faisant intérieurement ses adieux à la soie qui ne survivrait sans doute pas à l’attaque simultanée du sang chaud et du cicatrisant. Prenant prétexte de sa bourse d’herbe médicinale qu’elle replaça avec une lenteur méticuleuse à son ceinturon, elle se remit les idées en place. Elle s’était contentée de ricaner à la question que l’assassin lui avait posée, mais n’était pas sûre de la réponse à donner. De plus, deux autres choses l’embêtaient. La première : Elle avait tué un innocent ; Mais elle pouvait se la réserver pour plus tard. La seconde, plus urgente : La blessure et le sang puaient le poison. Un poison qu’elle ne connaissait pas du tout mais dont l’odeur se rapprochait d’un poison connu en Aepra mais dont le nom lui échappait brusquement. Elle était déjà certaine qu’il avait remarqué puisque la compresse qu’il avait sentie en était imbibée et qu’il n’était pas assez bête pour ne pas l’avoir remarqué. Elle en revenait donc à la réponse à sa question. Si l’Elrosienne se risquait à donner son « nom d’assassin », il pourrait la reconnaître un jour où l’autre. Et ce serait encore plus rapide si elle donnait son vrai nom, évidemment. Elle avait donc le choix entre inventer un faux nom ou révéler l’un des deux. Et aucune de ces deux solutions ne l’enchantaient plus que ça. Elle s’accorda un deuxième temps de réflexion en saisissant son épée dont la lame n’était plus souillée par le sang pour la remettre lentement – très lentement – dans son fourreau. Finalement, elle se releva dans un geste souple et renvoya vivement quelques mèches de ses longs cheveux derrière son épaule. Le vent frais effleurait sa peau pâle et venait apaiser le feu qui lui brûlait les joues. Elle perdait du temps ici. En fait, elle aurait mieux fait de fuir maintenant, en le laissant ici. Tant pis pour l’assassin qu’elle pourchassait ; elle devrait bientôt rentrer… Mais elle ne pouvait se résoudre à partir comme ça. Il y avait quelque chose dans ce geste plutôt lâche qui ne plaisait ni à sa fierté ni à son honneur et encore moins à sa bonté naturelle.
Azmy… Dit-elle après une dernière seconde. Et vous ?
Kementari se tourna vers lui et planta ses prunelles émeraude dans ses yeux saphir. Quelque chose en elle regrettait déjà d’avoir répondu, mais elle s’était assurée d’être protégée un minimum. Azmella était son « nom d’assassin » et n’était – normalement – connu qu’au sein de son royaume. Azmy ne restait qu’un diminutif affectueux qu’elle employait pour sa sœur. Et cela lui plaisait de raviver le souvenir de cette petite vie si fragile ; de ce petit oiseau qui n’avait pas eu le temps de voler… De nouveau, elle ferma les yeux et secoua la tête pour chasser de mauvais souvenirs. Elle caressa machinalement la soie qui retenait sa tresse, se rappelant une énième fois pourquoi elle tuait. Oui, elle ne faisait que poursuivre un but précis et louable. Elle n’avait pas à avoir des remords. Dans un léger désir de lui faire oublier sur le champ ce qu’elle venait de dire en détournant son attention, elle se rapprocha et s’agenouilla près de lui, évitant soigneusement son regard. Tâtonnant la combinaison au niveau de son ventre, elle finit par extraire un flacon de poison coincé dans une poche subtile entre la peau et le tissu.
Il y a du poison. Avec celui que je connais et dont l’odeur se rapproche, on peut l’annuler en buvant celui-ci, dit elle en désignant le flacon du menton. Mais vous faîtes comme vous voulez, termina-t-elle précipitemment en se relevant. | |
| | | Xant Nellen
Assassin
Ange Déchu
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Lun 21 Jan - 7:46 | |
| [En fait, ils étaient trois Mais c’est parfait comme ça, l’autre a décampé mdrr] Sans s’en sentir gêné, Xant fixa la femme, toujours avec cette intensité qui caractérisait ses prunelles aux couleurs hivernales. Elle semblait réfléchir à la question qu’il lui avait posée. L’ange déchu savait parfaitement que peu importe ce qu’elle allait répondre, ce serait un mensonge. Prononcer son nom ne demandait aucune réflexion. Sa guérisseuse semblait être une bien piètre menteuse. Autrement, elle aurait appris, comme lui, que lorsque l’on voulait raconter des histoires, il fallait le faire rapidement, sans prendre le temps de penser à ce que l’on allait dire. Sinon, le mensonge devenait trop évident, pas assez subtil. Du moins, c’était l’avis de l’assassin.
Le jeune homme poussa un imperceptible soupir, ne quittant toujours pas des yeux son interlocutrice. Tout en la regardant, il continua de soigner son bras, enlevant le plus de sang possible pour désinfecter la plaie. Il devrait la panser tôt ou tard, mais pour le moment, il ne disposait d’aucun matériel pour effectuer cette tâche. Cela n’avait guère d’importance, il avait l’habitude des blessures. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait dû sortir bandages et antidouleurs. Se faire pourchasser en permanence par les policiers n’était pas de tout repos, mais le jeu en valait la chandelle. Bientôt, il pourrait freiner cette course interminable. Bientôt…
Puisque la femme avait terminé de couvrir sa plaie de baume, Xant inspecta son aile droite. Tout semblait en ordre, si on ne mentionnait pas le poison qui y circulait sans doute. Il fit bouger son aile gauche, désengourdissant son muscle, qu’il échauffait de temps à autre pour s’assurer de ne pas l’étirer en plein vol. Planer avec un membre blessé le désavantageait, et comme il détestait se sentir plus faible que les autres, il mettait tout en œuvre pour les égaler et même les surpasser malgré son handicap.
L’inconnue répondit enfin à sa question. Elle disait donc se prénommer Azmy. Xant n’en croyait pas un traître mot, et il ne put retenir un petit rire, semblable à celui de la femme lorsqu’il lui avait demandé son nom. Il eut également un léger sourire moqueur lorsqu’elle voulut connaître le sien. Alors qu’il s’apprêtait à répondre, elle enchaîna sur un autre sujet. Cette Azmy semblait mal à l’aise en sa présence. Se pouvait-il qu’elle ressente la même et obsédante impression de déjà-vu que lui? Non, c’était impossible. Xant se trouva idiot d’avoir pensé une telle chose. Il doutait que, comme lui, son regard ou encore la façon dont il bougeait puisse faire renaître en elle quelque souvenir inaccessible. Cette éventualité relevait de la stupidité la plus aberrante qui soit.
En même temps que la dénommée Azmy, Xant se releva, dénouant ses muscles. Téméraire sur les bords, il mouvait même son aile droite. Cela lui était pénible, mais plus il s’habituait à la douleur rapidement, plus vite il apprendrait à l’ignorer et à ne plus la sentir du tout. Il se contenta d’hocher la tête aux dires de l’ange, continuant de la dévisager de son regard glacé. Même s’il ne dégageait aucune chaleur, l’assassin ne semblait pas hostile pour autant. De lui n’émanaient qu’une force tranquille et une assurance sereine.
Xant replia ses grandes ailes sombres dans son dos. Celles-ci contrastaient fortement avec ses yeux clairs et sa chevelure à l’aspect lunaire. L’ange déchu se pencha et ramassa le petit flacon déposé par terre par Azmy. Il l’observa sans avoir l’air vraiment intéressé, puis reposa son attention sur son interlocutrice.-Je sais que vous avez menti, commença-t-il, le ton calme et posé. Mais cela me va…Azmy. Il la scruta un moment, puis poursuivit :-Je m’appelle Xaver. Mais ce pourrait être un mensonge également. Personne ne connaissait son vrai nom. Tout le monde le connaissait sous le pseudonyme de « X », qui était son surnom d’assassin. Et en fait, « Xant » ne devait pas certainement pas se nommer ainsi en vérité. L’ange déchu s’était inventé ce nom après avoir perdu la mémoire. Lui-même ignorait son véritable nom. Mais tout cela lui était futile…
Xant fit quelques pas pour se rapprocher d’Azmy. Dans un geste d’une douceur étrangement froide, il déposa sa main sur la joue de l’ange et planta ses prunelles dans les siennes. -Mentir est une sage décision. Ici, dire la vérité est dangereux…Il déposa le flacon dans la main de la jeune femme et la referma avec la sienne.-N’ayez confiance en personne. Même vous êtes votre propre ennemie, dit-elle en se dégageant brusquement.
Il s’éloigna un peu et observa le ciel, lui faisant dos. Des nuages couvraient les cieux, donnant à ceux-ci une couleur grisâtre et morne. Sans le soleil, ils semblaient fades, sans vie. Songeur, Xant resta silencieux un moment. Se retournant à moitié vers son interlocutrice, il finit par articuler –non sans difficulté- : -Merci.On aurait dit qu'il s'agissait de la première fois que l'ange déchu prononçait ce mot, ce qui n'était qu'à moitié faux. Il ne l'avait simplement pas dit depuis... trop longtemps. | |
| | | Kementari D'Aepra
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Lun 21 Jan - 23:26 | |
| Ce n’était pas tant sa propre réponse mais le ricanement à la connotation moqueuse qu’il avait laissé entendre qui avait décidé Kementari – ou la prétendue Azmy – à tenter (dans une tentative lamentable et désespérée, soit) de détourner l’attention de l’homme. Elle avait eu peur qu’il n’ai découvert le mensonge. Il était vrai qu’elle était très peu douée à ce petit jeu. Elle savait dissimuler, se faire discrète, ne jamais révéler un secret, mais en aucun cas mentir. Cela allait totalement à l’encontre de son « code d’honneur » et ne correspondait pas le moins du monde aux principes qui lui avaient été inculqués par sa mère et son frère. Il devait donc être aisé de découvrir la supercherie… La jeune femme jeta un coup d’œil à son interlocuteur, et croisa son sourire qu’elle interpréta comme narquois et détourna vivement la tête, le visage en feu, à la fois gênée et furieuse contre elle-même. Tant pis. Elle ne pouvait plus reculer maintenant. De toute façon, il était quasiment impossible qu’il parvienne à remonter jusqu’à elle par son seul prénom. La plus grosse erreur qu’elle aurait pu faire avait déjà été commise et elle en avait parfaitement conscience. Lui dévoiler son apparence avait été l’écart le plus idiot qu’elle ait jamais fait – elle la douce et discrète meurtrière dont les proies ne voyaient jamais le visage… Néanmoins, le mal était désormais irréparable. Elle ne pouvait lui faire oublier son visage. Elle ne pouvait que s’en remettre à lui et prier. Prier pour qu’il ne se rende jamais en Aepra et, si cela était le cas, prier pour qu’il ne révèle pas son secret. D’ailleurs, s’il venait à le faire, elle n’aurait plus guère le choix que de le tuer sur le champ. Elle ne laisserait personne contrecarrer ses plans.
Du coin de ses prunelles vertes, elle le vit remuer les ailes avec une témérité déplacée pour une blessure de la gravité de celle-ci. La jeune reine haussa les épaules, décidant que c’était son problème à lui s’il tenait vraiment à ne plus goûter aux libertés des cieux. Son regard glacial continuait à la dévisager intensément, comme s’il cherchait vainement quelque chose qui lui échappait toujours. Elle se crispa légèrement et détourna une nouvelle fois la tête, faisant mine de scruter minutieusement les nuages d’un gris terne et sans nuances. Il ne paraissait en rien hostile (qu’aurait-il bien pu faire dans l’état où il était, hein ?) mais ses iris si similaires à ceux de Samïarh la mettait plus que mal à l’aise. Tous les souvenirs qu’elle s’était patiemment efforcée d’enfouir au plus profond de son être – à défaut de pouvoir les oublier – émergeaient un peu plus à chaque croisement de leurs regards. Mais en fait, c’était comme ça avec tous les hommes aux yeux bleus. Un seul homme au monde était parvenu à lui faire oublier son frère, ne serait-ce qu’une minute. Elle était encore plongée dans ses pensées mélancoliques lorsqu’une voix grave la tira brusquement de sa réflexion. Elle tendit vaguement l’oreille, sans pour autant cesser de fixer les nuages inaltérables. « Je sais que vous avez menti » se répéta-t-elle à elle-même dans un murmure. La qualité pitoyable de son mensonge avait été tellement flagrante pour lui comme pour elle qu’elle ne put s’empêcher d’éclater de rire. Elle sentit qu’il la fixait encore une fois mais se contenta de sourire en se tournant vers lui. Kementari l’écouta et haussa les épaules à sa remarque, sans prendre la peine de répondre. Qu’il mente ou pas lui importait assez peu. Elle ne retiendrait que « X ». Elle avait le pressentiment que cela lui serrait nettement plus utile si elle devait un jour le retrouver. Et le fil de ses pensées resta en suspens sur cette conviction. Si elle l’avait vu s’approcher sans broncher, elle n’avait absolument prévu qu’il la toucherait. La jeune femme se crispa violement au contact de sa main froide sur sa joue encore tiède mais ne bougea pas. Elle ne parvint pas à éviter son regard – littéralement aimantée pas celui-ci. D’ardents souvenirs d’un crépuscule d’hiver surgirent brusquement dans sa mémoire et elle dût faire un violent effort sur elle-même pour ne pas crever immédiatement les yeux de son vis-à-vis dans l’espoir d’apaiser sa brûlante envie de se donner la mort pour rejoindre son frère.
- Mentir est une sage décision. Ici, dire la vérité est dangereux…
La jeune femme hocha la tête, fébrile. La majeure partie de son esprit s’employait activement à calmer la vague de souvenirs qui déferlait dans sa mémoire tandis qu’une toute petite partie restait attentive à ce qui se passait « dehors ». Sans doute à cause du flottement qu’elle traversait, elle le sentit à peine poser le flacon de poison au creux de sa paume et ne revint pleinement à la réalité que lorsqu’il la referma dans la sienne.
- N’ayez confiance en personne. Même vous êtes votre propre ennemie, dit-il en se dégageant brusquement.
Si brusquement d’ailleurs, qu’elle failli en perdre l’équilibre, s’étant – sans s’en rendre compte – légèrement appuyée sur lui. Elle l’observa s’éloigner de quelques pas tout en replaçant le flacon de poison d’un geste précis. Comme elle à peine cinq minutes plus tôt, il se plongea dans une contemplation du ciel grisâtre. Il resta silencieux et elle ne chercha pas à rompre ses réflexions, ce qui entraîna un long silence. On n’entendait plus que le bruissement discret de leurs vêtements et de leurs ailes agités par le vent et la rumeur vague du centre ville, un peu plus loin. Kementari cru entendre un coup de feu et un cri mais son attention se reporta presque simultanément sur son interlocuteur. Il la fixait – ça commençait à devenir une habitude – et semblait vouloir dire quelque chose. Un quelque chose dont l’énonciation paraissait lui coûter de gros efforts. Elle fronça légèrement les sourcils, curieuse de savoir quel parole pouvait lui causer tant de difficultés.
- Merci. L’Elrosienne aurait volontiers éclatée de rire en des circonstances normales mais rien ne s’y prêtait ici. Elle ne savait absolument pas quoi répondre et le prétendu Xaver semblait avoir replongé dans son mutisme de départ. Elle hésita un instant et avança d’un pas dans sa direction avant de se raviser et de s’arrêter net.
- C’est tout naturel ! Dit-elle finalement dans un sourire joyeux et apaisant.
Mais un grondement sourd la coupa et l’éclair furtif qui zébra le ciel acheva d’effacer son sourire. Si la pluie commençait à tomber, elle ne pourrait jamais rentrer à temps. La jeune femme n’avait absolument plus le choix, il fallait qu’elle rentre très vite. De plus, elle n’avait aucune envie de voler des kilomètres sous la pluie et l’orage – qui pouvait être dangereux. Elle n’avait plus la permission de tarder. Déployant en un instant ses grandes ailes dont quelques plumes s’échappèrent, elle s’approcha du petit rebord du toit, à quelques pas à peine de son interlocuteur. Tant pis pour l’assassin, elle s’en chargerait plus tard.
- Il va pleuvoir, il me faut rentrer, mon… Elle parut indécise durant un court instant… Je dois partir, abrégea-t-elle, sans pour autant se décider à prendre son envol.
[Bon, j'avoue que je savais pas comment relancer l'action ici xD] | |
| | | Xant Nellen
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Jeu 24 Jan - 8:27 | |
| [Désolée du retard! J’avais des trucs à faire pour l’école -_-]
N’attendant pas spécialement de réponse de la part de son interlocutrice, Xant retourna à sa contemplation du ciel. Les nuages semblaient s’assombrir de plus en plus à chaque seconde qui passait. Un orage se préparait, et la pluie n’allait pas tarder à s’abattre sur Gaiaa. Cela ne dérangeait guère l’ange déchu, qui aimait lorsque la nature se déchaînait. Elle lui prouvait ainsi que malgré toute la pollution, toute la technologie et tout le mal créés par l’homme, elle se battait toujours pour garder une parcelle de ce monde qui au fond, lui appartenait beaucoup plus qu’à n’importe quel humain ou autre créature. Aussi, il appréciait la pluie pour sa vivacité et sa fraîcheur. Lorsque les gouttes d’eau ruisselaient contre sa peau, plaquaient ses cheveux contre son front et le trempaient jusqu’aux os, il avait l’impression d’être en vie. En vie dans un monde qui se mourait, corrompu par l’avidité et la cupidité des hommes. Mais quand la pluie tombait, la déchéance de ce monde qu’il habitait n’avait plus d’importance ; il se sentait vivant.
Du coin de l’œil, Xant vit la jeune femme aux cheveux d’argent se rapprocher d’un. Il détourna la tête, s’arrachant à sa contemplation des cieux. Le temps qu’il pivote légèrement, elle avait cessé d’avancer.
- C’est tout naturel ! Dit-elle finalement dans un sourire joyeux et apaisant.
Cette réaction prit de court l’assassin, qui ne s’attendait pas à voir l’air hésitant de l’ange se changer en expression réjouie. Il la dévisagea un instant sans réagir, perplexe quant à l’attitude à adopter devant cette drôle de manifestation qui s’apparentait à de la joie. Après quelques secondes, il finit par esquisser un très léger et presqu’imperceptible sourire en coin, rapidement remplacé par son air neutre habituel.
Un grondement retentit alors, suivi peu après par un éclair qui illumina le ciel tout entier l’espace d’un bref moment. L’ange déchu ne remua pas d’un cil, guère surpris par cette manifestation de la nature. Fasciné, il reporta son attention sur le dôme nuageux. Un autre éclat se fit entendre, et Xant se mit à compter les secondes jusqu’au prochain. Ainsi, il pourrait savoir à peu près quand l’orage s’abattrait vraiment sur la ville. Sa méthode, bien que peu scientifique, restait tout de même relativement efficace. Et selon ses calculs, il n’était qu’une question de minutes avant qu’il ait droit à un concerto de grondements, à un jeu de lumières spectaculaire et bien sûr, à une pluie torrentielle.
Un bruissement d’ailes lui fit détourner le regard. L’ange venait de déployer les siennes, majestueuses et d’un blanc si pur que c’en était presque aveuglant. La jeune femme, qui s’était rendue jusqu’au petit muret qui les séparait du vide, semblait sur le point de s’envoler. L’assassin plissa un peu les lèvres, ne trouvant pas cette idée très judicieuse.
- Il va pleuvoir, il me faut rentrer, mon… Elle parut indécise durant un court instant… Je dois partir, abrégea-t-elle, sans pour autant se décider à prendre son envol.
Juste comme elle terminait sa phrase, le tonnerre gronda une nouvelle fois et la pluie commença à s’échapper paresseusement des nuages. Faisant quelques pas vers le muret, Xant balaya les rues du regard avant de poser ce dernier sur son interlocutrice, à présent à côté de lui.
-Mauvaise idée, commenta-t-il d’un ton catégorique. Vous ne pouvez pas voler dans les conditions présentes, vous risqueriez de vous tuer. Sans parler des policiers qui n’hésiteront pas à vous tirer dessus s’ils vous aperçoivent dans le ciel. Ils me recherchent activement et ils vous ont vue en ma compagnie De plus, vous avez tué l’homme qui a tenté d’escalader le mur pour me descendre, qui était l’un des leurs. Hors, il ne devait pas se trouver seul. Son acolyte a dû dégager vite fait en voyant son ami se faire transpercer par votre épée.
Sa voix était calme et assurée, son air professionnel. Il savait très bien de quoi il parlait. Il ne racontait pas n’importe quoi dans le but de l’empêcher de partir. Si elle tenait absolument à déguerpir dans l’orage, il ne l’empêcherait pas. Cependant, il préférait la prévenir du danger plutôt que de la retrouver morte dans une ruelle une heure ou deux plus tard.
-Comme vous semblez pressée de partir, laissez-moi vous aider. J’ai une dette envers vous, et je déteste ne pas payer mes dettes.
Il prit une pause, interrompu par un autre grondement. La fixant dans les yeux, il poursuivit une fois le dérangement passé.
-Il existe des…tunnels menant près de la frontière séparant Elros de Gaiaa. Si vous me laissez vous y emmener, je vous dirigerai jusqu’à votre monde dans cet abri sous-terrain. Vous serez ainsi protégée des intempéries et des policiers. Vous pourrez regagner votre demeure saine et sauve.
Il ajouta, avant de se taire :
-Mais vous n’êtes pas forcée d’accepter.
L’ange déchu trouvait qu’il parlait beaucoup trop en présence de cette femme. Normalement, il répondait par monosyllabes ou se contentait d’observer les faits et gestes de ceux qui l’entouraient. Là, il avait l’impression d’être une véritable pie, ce qui ne lui plaisait aucunement. Il attendit donc la réponse de la jeune femme dans un silence complet, parfois perturbé par l'orage ou le clapotis de la pluie qui commençait à se faire plus dense. | |
| | | Kementari D'Aepra
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Ven 25 Jan - 19:35 | |
| Kementari semblait hésitante. Le tonnerre furieux et les éclairs menaçant qui zébraient le ciel à chaque instant ne lui donnait pas une envie folle de prendre son envol. Qu’elle avait été bête de ne pas s’en apercevoir plus tôt ! C’était pourtant évident. Les nuages noirs et gris avaient commencés à s’amonceler juste après le meurtre commis par « X » et elle avait senti l’air s’électrifier lorsqu’elle s’était enfuie vers le ciel. Alors pourquoi n’était-elle pas partie sur le champ ? Cela lui aurait épargné tellement de problèmes… Mais non, il avait fallu qu’elle s’accorde un temps de liberté inutile qui l’avait conduite à assister à la chute de l’ange déchu et au désir de l’aider. Elle n’aurait eu aucun remords si elle était partie puisqu’elle ne l’aurait pas vu tomber. Quelle imbécile elle avait fait… Et maintenant, durant le temps qu’elle avait passé à ruminer, il s’était mis à pleuvoir ! C’était malin ! Elle avait maintenant toutes ses chances d’être électrocutée en plein vol ! Pourquoi ne parvenait-elle plus à prendre le genre de décisions rapides et importantes qui lui incombaient en tant de reine ? Pourquoi ne retrouvait-elle pas son flegme habituel ? Sa cape était maintenant trempée de pluie et lui collait au corps, mouillant par la même sa robe déjà abîmée. La jeune femme avait froid et risquait de tomber malade mais elle restait debout sur le petit rebord du bâtiment, indécise. D’un geste gracieux, elle écourta la longueur démesurée de ses cheveux en les nouant en une coiffure belle mais extrêmement complexe, à mi-chemin entre un chignon de grandes occasions et une queue de cheval décontractée. Elle ramena les longues mèches devant son épaule droite, essorant au passage l’eau qui les emmêlait. La pluie parsemait son visage glacé et de l’eau s’égouttait de son fourreau, de sa chevelure et des pans de sa cape mais elle ne bougeait pas. Au contraire, elle fermait les yeux et tendait les mains en avant comme si elle espérait que l’eau effacerait le sang dont ses mains étaient couvertes. Comme si cet élément purificateur pouvait gommer ses péchés en un instant.
Mauvaise idée, entendit-elle derrière elle. Vous ne pouvez pas voler dans les conditions présentes, vous risqueriez de vous tuer. Sans parler des policiers qui n’hésiteront pas à vous tirer dessus s’ils vous aperçoivent dans le ciel. Ils…
L’Ange n’en écouta pas plus. Un grondement sonore lui fit ouvrir les yeux et de l’eau y tomba. Elle ne sourcilla pas et, à cet instant, nul n’aurait pu jurer qu’elle pleurait réellement mais des larmes de pluie s’échappaient du coin de ses yeux. Si la pluie – ni aucun autre élément déchaîné – ne pourrait jamais nettoyer le sang qui souillait son corps, elle lui avait rendue sa lucidité. L’assassin avait raison, elle risquerait de se tuer ou de se faire tuer en partant maintenant. Mais, d’un autre côté, il était impératif qu’elle rentre le plus rapidement possible. Un royaume ne se gouvernait pas seul et la jeune femme doutait fortement que son conseiller puisse assumer les fonctions d’un roi, ne serait-ce que pour une journée. Il n’avait pas été formé pour ça. Être souverain était tout un art auquel on ne peut être initié que dès la naissance… Un énorme coup de tonnerre retentit à ses oreilles tandis que son interlocuteur reprenait la parole, entre deux colères des cieux. Elle acquiesça imperceptiblement ses propos et tourna la tête vers lui. Elle était tout à fait prête à écouter ses propositions. Tout ce qui pouvait l’aider à rentrer chez elle. Ce monde-ci commençait à la terrifier. Elle n’y comprenait rien, n’y contrôlait rien, n’y aimait rien. Il semblait rongé par la haine et la rancœur, dévoré dans son entièreté par une colère sourde et dangereuse.
Il existe des… tunnels menant près de la frontière séparant Elros de Gaiaa. Si vous me laissez vous y emmener, je vous dirigerai jusqu’à votre monde dans cet abri sous-terrain. Vous serez ainsi protégée des intempéries et des policiers. Vous pourrez regagner votre demeure saine et sauve. … Mais vous n’êtes pas forcée d’accepter.
« Gaiaa ». C’était ainsi qu’ils appelaient leur monde ? Quel nom étrange… Tout comme l’était ce monde, après tout. La jeune femme esquissa un sourire amusé et moqueur tout en descendant de son mini perchoir pour se retrouver à ses côtés. Cet homme était bien le genre de personne taciturne et peu douée pour la conversation dont Kementari appréciait la compagnie. Ils n’étaient pas hôtes encombrants, se révélaient souvent discrets. On les savait immédiatement intelligent mais cette opinion se renforçait lorsqu’on parvenait à engager une conversation. L’amant qu’elle s’était choisi était un peu comme ça aussi. Mais lui était une vraie tête de mule, ce qui venait légèrement gâcher le tableau. Quant à son interlocuteur, elle sentait bien qu’il n’avait pas pour habitude de parler autant. Peut-être était-ce mieux ainsi après tout. Cependant, pendant qu’il était encore apte à tenir une conversation, une question lui brûlait les lèvres depuis un bon moment…
Soit, commença-t-elle. J’accepte avec joie que vous payiez votre dette envers-moi, bien que je n’estime pas que vous m’en deviez une. Je suis tout à fait disposée à vous suivre mais j’aimerai beaucoup savoir quelque chose. Bien sûr, vous n’êtes pas forcé de répondre… Comment avez-vous été déchu ? Demanda-t-elle après un grondement particulièrement violent.
La jeune Elrosienne était à présent parfaitement trempée, ainsi que ses longs cheveux et ses vêtements, qui lui paraissaient maintenant peser une tonne. Mais elle s’en moquait éperdument. Si elle avait été femme à s’arrêter à ce genre de détails, nombre de ses victimes lui auraient déjà échappées sans plus de difficulté. Non, Kementari percevait à peine le froid dans ce genre de moment qu’elle devait graver dans sa mémoire. Elle n’éprouvait plus qu’un minimum le froid, le poids de ses vêtements et de sa chevelure, la lassitude de ses muscles engourdis et la douleur de ses doigts glacés – qu’elle ne sentait plus du tout, d’ailleurs. Son attention entière s’était fixée sur son interlocuteur et le lourd silence qui s’installait, seulement troublé par la mélodie de la pluie s’écrasant au sol. Le tonnerre semblait s’être calmé simplement pour cet instant et le ciel restait comme en suspens. | |
| | | Xant Nellen
Assassin
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Ven 25 Jan - 23:53 | |
| Ce qui n’était que quelques petites gouttes de pluie s’était vite transformé en une véritable averse, et Xant se retrouva trempé en un moins de deux. Des gouttelettes ruisselaient sur son visage, lavant un minimum celui-ci du sang qui l’avait taché un peu plus tôt. Quelques traces restaient, mais l’ange déchu ne semblait pas s’en soucier, un peu comme si être sali de ce liquide impur lui était habituel. Sous la pluie, ses cheveux d’un blond tirant sur le blanc, plaqués sur son front, paraissaient presque translucides. Ses bottes et ses vêtements avaient pris l’eau et collaient contre son corps, à l’exception de son manteau. En effet, l’imperméabilité de la matière utilisée lors de sa confection protégeait un peu l’assassin contre la pluie s’abattant rageusement sur Gaiaa.
Xant prit une bonne inspiration, remplissant ses poumons de l’air frais que produisait la pluie. Il était peut-être mouillé de la tête aux pieds, mais il se sentait bien. Les extrémités de son corps étaient peut-être gelées, mais il ne s’en souciait guère. Le froid ne l’atteignait pas ; il avait appris à l’ignorer avec le temps. Sa fascination pour la pluie ne lui donnait pas le choix, sans parler des conditions dans lesquelles il vivait. En effet, même si l’assassin empochait tout de même un bon montant d’argent en exécutant les meurtres qu’on lui dictait, il possédait peu de biens et n’avait même pas le chauffage chez lui. Après tout, à quoi tout cela lui servirait-il? Constamment poursuivi, il devait changer d’endroit en permanence. Alors pourquoi s’encombrer d’objets superflus et payer des comptes tout aussi inutiles? Et puis, Xant avait déjà prévu un autre usage pour son argent. Non, il ne l’utiliserait pas de façon à donner une certaine stabilité à sa vie, qui en manquait cruellement. Il s’en servirait pour une cause qui nettoierait Gaiaa d’une partie de ses péchés…
L’ange déchu observa la jeune femme descendre de son perchoir improvisé. Elle paraissait amusée par un détail qui échappait à Xant. À quoi pouvait-elle bien songer? Il haussa un sourcil, l’œil vif. La question resta suspendue dans son esprit jusqu’à ce qu’elle réponde à son offre. Dès lors, il l’oublia.
Soit, commença-t-elle. J’accepte avec joie que vous payiez votre dette envers-moi, bien que je n’estime pas que vous m’en deviez une. Je suis tout à fait disposée à vous suivre mais j’aimerai beaucoup savoir quelque chose. Bien sûr, vous n’êtes pas forcé de répondre…
Xant hocha la tête d’un coup sec, l’invitant ainsi à poser sa question.
Comment avez-vous été déchu ? Demanda-t-elle après un grondement particulièrement violent.
La question résonna dans son esprit, tout comme le grondement du tonnerre d’ailleurs. Xant se figea, et le temps sembla faire de même. La pluie s’était calmée un brin, le ciel ne grondait plus, ne s’illuminait plus des éclairs. Un lourd silence s’était installé, et seuls le bruissement de leurs ailes et de leurs vêtements ainsi que le clapotis de la pluie le troublaient.
L’assassin porta son regard au loin. Sous l’expression neutre de son visage se cachait un homme perturbé. Mais cela, seuls les plus attentifs parviendraient à le voir, car Xant faisait tout pour ne pas montrer ses faiblesses. Et le passé constituait justement sa plus grande tare. Pourquoi ne se souvenait-il pas? Cette interrogation ne le quittait jamais. Elle l’obsédait, carrément. L’ange déchu voulait une réponse à ses questions, à toutes celles qu’il se posait sans exception aucune. Il voulait savoir qui il était, il voulait connaître sa place dans ce monde si vaste qui ne semblait pas lui en avoir réservé une. Il voulait se souvenir.
-Je..., commença-t-il en pivotant lentement la tête vers elle.
Il s’arrêta net et dit tout simplement :
-Suivez-moi.
Xant s’éloigna vers une porte qui menait à l’intérieur du bâtiment. Passer par là serait plus sécuritaire, tant qu’ils restaient tous deux discrets. D’ailleurs, parlant de discrétion, il en profita pour faire disparaître ses ailes aux yeux des humains. Il se fonderait ainsi mieux dans la masse. Ressassant la question de l’ange dans sa tête, l’assassin tenta d’ouvrir la porte. Verrouillée. D’un geste décontracté, il dégaina sa gigantesque épée et frappa la porte avec cette dernière. L’obstacle se fendit aussitôt, et Xant rangea son arme. Avec sa main, il fit signe à l’ange de le rejoindre, ce après quoi il sembla se recueillir un moment, la tête contre son bras, qui était appuyé sur le cadre de porte. Regardant dans le vide, l’ange déchu dit finalement, sa voix n’étant plus qu’un murmure dans le silence ambiant :
-Vous êtes-vous déjà réveillée un matin, sachant que vous aviez rêvé la nuit précédente, sans pouvoir vous rappeler de vos songes nocturnes?
La question étant rhétorique, il n’attendit pas qu’elle réponde avant de continuer, le ton plus froid :
-Eh bien… Imaginez-vous vous réveiller au beau milieu d’une ruelle et ne plus vous souvenir de votre vie toute entière.
Sans plus rien ajouter, Xant enleva son manteau, le déposa sur les épaules de l’ange pour la protéger du froid et s’engouffra dans la bâtisse, l’impression d’en avoir déjà trop dit. Quelque peu mal à l'aise, il ajouta à voix basse:
-J,aimerais éviter que l'on nous remarque, alors ne faites pas trop de bruit je vous prie. De quel côté de la frontière votre ville se trouve-elle? Ouest ou Est?
Il se trouvait à présent sur le pas d'un escalier de fer noir, dans une salle qui avait visiblement été condamnée. Personne en vue. | |
| | | Kementari D'Aepra
Merveilleuse Reine
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Lun 28 Jan - 0:06 | |
| Sa question résonna dans l’air, entre la pluie et par-delà le vent. Kementari s’était tournée vers son interlocuteur et le dévisageait maintenant pour la énième fois. Ses cheveux étaient maintenant pratiquement translucides, tandis que les siens fonçaient légèrement pour paraître plus que jamais fait de fils d’argent. Mais elle ne s’en rendait pas compte et, à vrai dire, s’en fichait éperdument. Elle attendait que le silence soit rompu par son interlocuteur dans une impatience marquée uniquement par ses doigts blancs, sous sa cape, qui trituraient nerveusement l’émeraude sertit sur le pommeau de son épée. Son visage, dont les joues étaient rendues plus rouges par l’air glacé, conservait pourtant cette expression figée que tout le monde lui connaissait. Elle était tellement forcée de rester impassible que c’en était devenu un réflexe. Rien, dans ses yeux ou dans son expression, ne laissait transparaître ses émotions. Il fallait regarder ailleurs – un détail bien plus subtil – pour entr’apercevoir son trouble. Une Reine ne l’est jamais pour rien et si la jeune femme avait été choisie par les dieux pour naître en Aepra des entrailles d’Iprynel, ce n’était que pour sa réserve naturelle et toute indiquée pour ce rôle. Un rôle si important après tout… Son interlocuteur semblait dans la même situation de débat intérieur. A l’instar de la jeune femme, son visage restait impassible mais son trouble était palpable. Les yeux de l’Ange se plissèrent très légèrement, emplis d’une sorte de pitié, non pas dégradante mais pleine de remords. Elle avait posé une question qu’elle n’aurait sans doute pas du énoncer. Après tout, cela ne la regardait en rien et n’était là que pour assouvir sa curiosité… Non, elle n’aurait pas du, et elle tenait à s’en excuser… Plus tard. Elle allait lui dire qu’il n’était pas utile de lui répondre quand « X » ouvrit la bouche, en même temps qu’elle, coupant court à son élan.
- Je..., commença-t-il en pivotant lentement la tête vers elle… Suivez-moi.
Cette réponse abrupte déconcerta Kementari. Elle avait esquissé un pas dans sa direction, comme happée par le désir de savoir, de connaître la vérité, mais ce détournement brusque la cueillait comme une gifle en pleine figure. Pensant qu’il avait par là simplement refusé de répondre à une question sans doute trop indiscrète, elle pinça les lèvres mais ne répliqua pas. Elle le vit s’éloigner vers une porte qu’elle n’avait pas remarqué jusqu’alors et le suivit dans une rivière de gouttelettes qui s’écoulaient de ses vêtements, de ses cheveux, de son fourreau et de son visage. Il n’y avait plus de bruissement de soie, d’attitude royale, de regard arrogant. Elle semblait une jeune femme comme une autre, les épaules rentrées pour se tenir plus chaud, le regard tourmenté, et trempée jusqu’aux os. Elle qui posait si peu de questions, qui ne parlait que lorsqu’il le fallait ne parvenait plus à tenir son rôle. Sa bévue la plongeait dans un tourbillon de remords, certes exagérés pour tous ceux qui ne la connaissaient pas, mais compréhensible pour ceux qui savaient à quel point sa curiosité lui avait autrefois coûtée, alors qu’elle avait voulu comprendre au lieu de fuir, provoquant la mort de la seule personne pouvant faire battre son cœur. Plongée dans ses pensées, elle releva à peine la tête lorsqu’il fendit la porte avec une aisance déconcertante et se contenta de refermer ses ailes après lui, sans dire un mot. Elle approcha un peu lorsqu’il lui fit signe mais n’esquissa pas un geste tandis qu’il semblait se recueillir. Ils n’étaient plus présents pour l’autre mais tous deux bien plus loin, dans les méandres de leur propre conscience, plongés dans un égoïsme involontaire, insensible aux réflexions de l’autre. Il posa une question, elle vaguement la tête, sans vraiment réfléchir au sens de ses paroles. Ce ne fut que lorsqu’il en arriva à l’essentiel, le ton glacial, qu’elle reprit pied à la réalité.
- Eh bien… Imaginez-vous vous réveiller au beau milieu d’une ruelle et ne plus vous souvenir de votre vie toute entière.
Elle cru qu’il allait ajouter quelque chose et ne répondit pas, s’étant contentée de relever brusquement la tête, l’oreille à l’écoute. Mais non, il ne dit plus rien, le regard lointain et Kementari se sentit toute bête de n’avoir pas répondu. Avant qu’elle ait pu tenter un geste, elle recevait sur ses épaules le manteau qu’il venait d’enlever et qui conservait encore sa chaleur. Elle voulu retenir son bras pour le remercie en étant sûre qu’il l’écoute mais il s’était déjà engouffré – assez prestement – dans la bâtisse dont il avait ouvert la porte. Son malaise était tangible et la jeune femme cru bon de ne pas insister. Mais tout de même, sa révélation était étrange. A la fois bien en dessous et bien au dessus de ce qu’elle avait espéré. Ainsi il avait perdu la mémoire ? Elle comprenait mieux maintenant la lueur d’impatience qu’elle avait entrevue quand il lui avait demandé de délivrer son nom. Il n’oublierait sans doute pas son mensonge. Pas plus qu’il n’oublierait son visage, ses vêtements, son caractère, sa façon d’agir. Les gens ayant perdus leurs souvenirs étaient comme ça. Ils cherchaient à s’en faire d’autres, qu’ils n’oublieront jamais. Après tout elle comprenait. Il ne savait même plus comment avait eu lieue sa déchéance… Dans une certaine limite, l’Ange – non déchue – avait de la sympathie pour lui. Elle devinait sous son caractère fier, plutôt orgueilleux même, une tristesse aussi grande que la sienne, bien que d’une autre manière. Il devait vouloir des réponses à ses questions. Il lui faisait prendre conscience à elle, la petite Reine élevée dans son cocon qu’un assassin était venu briser, que chacun vivait avec le poids de sa vie, de ses erreurs, et de ses pêchés à porter. Mais elle demeurait intraitable sur le fait qu’il faille éradiquer les assassins en Aepra, ces êtres indignes de vie. Il était assassin et différent mais elle ne se faisait aucune illusion, il n’était que l’exception qui confirmait la règle. Elle ne tuerait pas ceux qui n’étaient pas sous son pouvoir, mais tous les autres devaient mourir jusqu’au dernier, et peu importe qu’ils poursuivent eux aussi un but.
Au Nord, répondit-elle dans un sourire triste à la question posée. Mon roy… Ma ville se trouve au Nord.
Elle cilla un instant mais se reprit moins d’une demi seconde plus tard. Quelle imbécile ! Gênée, Kementari fit mine d’écouter attentivement, pour s’assurer que personne ne venait, ce qui s’avérait parfaitement inutile puisque la pièce était visiblement condamnée et que quiconque aurait voulu s’approcher aurait été en vue depuis bien longtemps. Comme quoi, la qualité de n’importe lequel de ses mensonges était assez effarante…
[Alors là, je suis sincèrement désolée de la qualité de mon RP mais je suis fatiguée ^^"] | |
| | | Xant Nellen
Assassin
Ange Déchu
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Mar 29 Jan - 6:47 | |
| Xant évitait soigneusement le regard de l’ange, ne voulant pas connaître la réaction de celle-ci à ses paroles. Il craignait plus que tout d’y discerner de la compassion ou encore de la pitié, sentiment qui lui répugnait plus que tout. Elle avait posé une question ; il y avait répondu. Point barre. Il ne voulait pas qu’elle le plaigne ou quoi que ce soit. Il ne prenait pas les autres en pitié et il s’attendait à ce que ces derniers fassent la même chose de leur côté.
Concentré, l’ange déchu inspecta la pièce, la balayant des yeux. L’escalier sur lequel lui et la prétendue Azmy se trouvaient se situait moyennement haut par rapport au sol, dont la céramique grise était rayée à d’innombrables endroits. Seules quelques machines étranges et visiblement hors d’usage étaient accrochées aux murs et posées çà et là sur le plancher, laissant tout de fois beaucoup plus de place qu’il n’en fallait pour se déplacer. L’air ambiant dégageait une odeur de moisi, mais aussi une chaleur qui contrastait avec la température extérieure, considérablement plus froide. Faisant quelques pas, Xant distingua une porte au fond de la pièce.
Au Nord, répondit-elle dans un sourire triste à la question posée. Mon roy… Ma ville se trouve au Nord.
L’assassin posa finalement ses prunelles de glace sur elle, se trouvant lâche de ne pas la regarder en face. Il songea qu’elle devrait cesser d’essayer de mentir, car ses efforts pour y parvenir étaient peu concluants, pour ne pas dire pathétiques. Xant ne lui en tenait pas rigueur ; il comprenait que certaines personnes n’arrivaient tout simplement pas à tacher la vérité de leurs mensonges. On appelait cela l’honnêteté. Une grande qualité, mais qui pouvait coûter cher parfois. L’ange déchu ne le savait que trop bien.
Xant se contenta d’hocher la tête, puis lui fit signe de le suivre une fois de plus. Il descendit l’escalier, et le bruit lourd de ses pas résonna dans toute la pièce. Il se dirigea ensuite vers la porte, qu’il ouvrit sans difficulté puisqu’elle n’était pas verrouillée. Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, l’assassin s’assura que la jeune femme le suivait bien. Après avoir vérifié qu’il n’y avait personne en vue, il traversa le cadre de porte, débouchant dans un couloir éclairé par des néons qui donnaient à son visage une allure fantomatique et sans vie. Il se mit alors à avancer, ne perdant pas de temps. Sans cesser de marcher dans les nombreux couloirs, qui se ressemblaient tous soit dit en passant, l’ange déchu tourna la tête vers son interlocutrice.
-Je vais vous avouer immédiatement que j’ignore totalement par où aller, chuchota-t-il. Je ne suis jamais venu ici, alors il se peut que nous nous perdions. J’essaie de trouver l’ascenseur, car il est hors de question que nous descendions tous ces étages à pied. Nous en aurions pour des heures.
Il ajouta, songeur :
-Je pense que cet établissement appartient à une grosse entreprise. Il est donc possible que nous fassions la rencontre d’employés. S’ils nous posent des questions, il va falloir savoir y répondre en jouant les innocents, en espérant qu’il ne me reconnaisse pas. Il va nous falloir un plan.
L’assassin plissa légèrement le nez en bifurquant vers un couloir à droite. Dix secondes de réflexion lui suffirent à élaborer un plan simple et qui tenait la route. Il avait l’habitude de penser rapidement, ne disposant souvent que d’un très court laps de temps pour réfléchir à une façon d’échapper aux gens qui le poursuivaient. Si cela l’agaçait plus souvent qu’autrement, maintenant, cela s’avérait plutôt utile.
-J’ai une idée. Vous vous prénommez Helena et vous êtes ma sœur. Vous ainsi que moi-même, Ike, sommes venus pour redonner ses clés à notre ami, qui travaille au département des ressources humaines. Disons qu’il les avait oubliées chez nous. Enfin bref, cette tâche accomplie, nous avons cherché les toilettes... et par mégarde, nous avons atterri au dernier étage. Nous nous sommes perdus dans les couloirs, et nous cherchons maintenant le moyen de sortir d’ici. Comme ça, si nous n’avons pas trouvé l’ascenseur, on nous indiquera sûrement le chemin pour nous y rendre et aller au rez-de-chaussée.
Il prit une pause, l’air de réfléchir, puis poursuivit, ne ralentissant pas sa progression pour autant :
-Ah… et ne dites rien sauf si l’on vous sollicite. Sans vouloir vous offenser, vous êtes une bien piètre menteuse. Vous me l'avez prouvé une nouvelle fois il y a à peine quelques minutes...
L’ombre d’un sourire amusé se dessina au coin des lèvres de l’assassin. Cela ne dura qu’une fraction de seconde, car Xant reprit son masque de neutralité, comme s’il voulait éviter de sourire. Reprenant un air sérieux, il attendit l’approbation de son interlocutrice. Bien sûr, il ignorait que cette dernière n’avait probablement pas compris le trois quart des termes qu’il avait utilisés en lui expliquant son plan. Après tout, l’ange déchu ne connaissait quasiment rien de son monde à elle, il n’y avait jamais mis les pieds. Par contre, il savait comment s’y rendre. Gaiaa n’avait pratiquement plus de secrets pour lui, y compris la frontière qui séparait le monde magique du sien. Une fois, il s’était caché à cet endroit, traqué par les policiers à la suite d’un meurtre plutôt sanglant et morbide. À ce souvenir, le jeune homme secoua la tête, désirant oublier cette période pénible. Il avait dû rester dans les « tunnels » plusieurs jours, et ceux-ci empestaient la pourriture et étaient encombrés des débris des habitants de Gaiaa. Au moins, cette fois-ci, il ne serait que de passage…
[Pas de souci, j'ai rien à reprocher à ton rp mdrrr. Par contre, je dois m'excuser de la qualité du mien >_<] | |
| | | Kementari D'Aepra
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| Sujet: Re: Témoin mystère [libre!] Sam 2 Fév - 20:51 | |
| A peine avait-elle abandonnée ses vaines – et pathétiques – tentatives de feintes que Kementari sentit sur elle le regard glacial et lourd de sens de son interlocuteur. Elle sourit en soupirant, la tête légèrement baissée. L’honnêteté était innée chez elle, elle ne savait tout simplement pas mentir. A personne, en faite. Mais bon… Il était un domaine sur lequel on ne pourrait la percer à jour. Ou bien, seulement lorsqu’elle aurait achevé sa tâche. Et ce jour ne saurait tarder ; les morts se multipliaient en Aepra… Du coin de l’œil, la jeune femme entr’aperçu X hocher la tête avant de lui faire signe de le suivre. Elle se redressa, s’étira comme un chat, un peu lasse, puis resserra le manteau autour d’elle. Il était fait dans une matière qu’elle ne connaissait pas mais qui s’avérait plutôt chaude. Avec un peu de chance, cela l’empêcherait d’être malade en rentrant. Elle lui emboîta ensuite le pas, le suivant de très près, car cet endroit ne la rassurait pas le moins du monde. Ensemble, ils descendirent un escalier assez court. Le bruit sonore des pas de son vis-à-vis résonna vivement dans toute la pièce tandis que ses propres étaient aussi silencieux et assurés que ceux d’un félin. Sa discrétion phénoménale reprenait le dessus. La porte s’ouvrit sans bruit sur un couloir miraculeusement éclairé par le genre de bougies sans flammes qu’elle avait déjà vues ici. Elles ne possédaient pas les rougeoiements tressautant caractéristiques d’une flamme mais une lumière pareille à celle de l’après-midi, vive et inaltérée. Certaines étaient éteintes sans que l’Elrosienne ne comprenne pourquoi ou n’y voit une logique particulière. Mais elle n’eut pas le loisir de s’attarder à la contemplation de cette lumière étrange car l’homme l’avait déjà distancée de quelques mètres et qu’elle ne voulait en aucun cas rester seule ici. Elle accéléra le pas, jusqu’à se retrouver juste derrière lui. Il était tellement grand que, de devant, on ne devait même pas la voir. Et, d’ailleurs, il lui cachait tout le paysage.
Ils marchèrent ainsi d’un bon pas, arpentant une dizaine de couloirs identiques, à tel point que Kementari se demanda comment l’assassin faisait pour s’y retrouver. Ce qu’il ne tarda pas à lui expliquer en tournant légèrement la tête vers elle. La révélation de son ignorance totale des lieux la fit simplement hausser un sourcil inquiet tandis qu’il conservait une expression totalement neutre, quoique songeuse. Et après un léger temps de réflexion, il se mit à débiter des phrases dont le sens échappait au moins de moitié à la jeune femme – qui, la pauvre, n’était pas au bout de ses surprises. « Entreprise » ? « Employés » ? Qu’est ce que c’était que ça ? Elle ne connaissait pas ces mots ! Elle ne voyait absolument pas la signification du mot « entreprise » mais la consonance étrange du mot « employé » lui laissait imaginer d’horribles monstres velus. Pourtant, il fallait bien que ses monstres aient une intelligente s’il était nécessaire de jouer les innocents devant eux. Elle s’empressa donc d’ajouter des cerveaux à sa vision terrifiante. L’Ange voulu ouvrir la bouche pour questionner l’homme sur ces affreuses bêtes mais il la devança en lui énoncer son plan. Elle referma sa propre bouche et se mit à écouter attentivement, désireuse de ne pas tout faire rater. Tout de même, il réfléchissait vite, car dix ou quinze secondes à peine s’étaient écoulées depuis ses dernières paroles. Et il ne s’était contenté que de froncer légèrement les sourcils en bifurquant vers la droit – elle était impressionnée. Bref, admiration à part, elle tendit l’oreille. Bien qu’il ait une voix forte, le fait qu’il parle plus bas qu’à l’habitude ne facilitait pas l’écoute.
- J’ai une idée. Vous vous prénommez Helena et vous êtes ma sœur. Vous ainsi que moi-même, Ike, sommes venus pour redonner ses clés à notre ami, qui travaille au département des ressources humaines. Disons qu’il les avait oubliées chez nous. Enfin bref, cette tâche accomplie, nous avons cherchés les toilettes... et par mégarde, nous avons atterri au dernier étage. Nous nous sommes perdus dans les couloirs, et nous cherchons maintenant le moyen de sortir d’ici. Comme ça, si nous n’avons pas trouvé l’ascenseur, on nous indiquera sûrement le chemin pour nous y rendre et aller au rez-de-chaussée.
La jeune reine ouvrit des yeux ronds. Pour le coup, elle n’avait rien compris à part la première phrase. Comment allait-elle faire ?! Elle ne pourrait rien dire puisqu’elle ne savait rien ! Ces mensonges allaient être encore plus pitoyables que d’habitude et les mettraient sans doute en danger. En même temps, s’ils lui demandaient de parler, elle n’aurait pas le choix… Elle jeta un œil affolé à son interlocuteur qui semblait de nouveau plongé dans ses réflexions. Elle n’osa pas lui demander de tout réexpliquer mais songea qu’il faudrait sans doute qu’elle le fasse, pour ne pas les mettre tous deux en danger. Mais, encore une fois, à peine avait elle entrouvert les lèvres qu’il s’était déjà remis à parler.
- Ah… et ne dites rien sauf si l’on vous sollicite. Sans vouloir vous offenser, vous êtes une bien piètre menteuse. Vous me l'avez prouvé une nouvelle fois il y a à peine quelques minutes...
A ses mots, Kementari éclata d’un grand rire cristallin et se plia un instant en deux. Il était vrai qu’il valait mieux qu’elle ne dise rien. Pour leur sécurité, et même pour sa fierté. Elle cru voir l’esquisse d’un sourire sur le visage de X mais l’attribua à son imagination. Son fou rire passé, elle acquiesça d’un signe de tête amusé. Toutefois, son cœur s’était légèrement serré, quelques minutes plus tôt. Le plan – qu’elle n’avait le moins du monde compris – lui convenait à peu près mais le fait qu’il ait pris le cas d’un frère et d’une sœur la ramenait à des souvenirs bien plus tristes qu’elle ne l’aurait voulu. Ses yeux s’humidifièrent légèrement à la vision des jeux joyeux en compagnie de sa famille et de Samïarh mais pas assez pour que cela se remarque. Elle était si désireuse de chasser ces souvenirs de sa tête qu’elle en oubliant de demander à son vis-à-vis de clarifier le plan…
[xD j'ai rien non plus à reprocher au tien ^^ Désolée du temps que j'ai mis, j'avais des brevets blancs à passer et pis j'étais occupée (et désolée parce que je fais trop pas avancer l'action x3)] | |
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